« Comment recadrer un hors-la-loi en tirant sur un fil »


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Un Algérien rencontre un manouche sur un banc bleu, une Algérienne dans un champ vert, un Allemand au milieu de rien. Non loin de là, rôde le débat sur l’identité nationale. « Comment recadrer un hors-la-loi en tirant sur un fil », un court-métrage signé Lamine Ammar-Khodja.

C’est l’histoire d’un fil. Un fil rouge qui, tout en tissant sa toile, se cherche encore. Un fil rebelle en recherche d’identité.

La question est : notre vie est-elle conditionnée ou non par un simple bout de papier ? Pour cette Algérienne assise dans un champ vert, la réponse est « oui ». Parce qu’elle pense « que de toute façon ça se passe comme ça partout dans le monde ». Qu’un Occidental puisse aller partout où il veut dans le monde, une évidence pour cette Algérienne qui n’en a pas le droit car amputée par un bout de papier vert. Mais au final, papier ou non, conditionné ou pas, cette Algérienne se sent avant tout « citoyenne du monde ». Une conclusion à laquelle n’est toujours pas parvenu ce Turque-Allemand. Obnubilé par les interrogations des autres, il devient lui-même obsédé par sa double culture. Parviendra-t-il à se dire qu’il peut être chez lui partout ? Les yeux rivés vers ce paysage montagneux, le manouche, lui, cherche son identité loin devant lui.

« Lis ton idée »

En annonçant la couleur de son court-métrage, Lamine Ammar-Khodja nous apprend qu’être Algérien n’est pas une nationalité. « Ce n’est même pas une identité. C’est un travail à temps plein pour lequel nous ne sommes pas encore payés. C’est une maladie dangereuse dont personne ne s’est jamais relevé ». Mais en déplaçant sa vision, en plaçant sa division et en cherchant une place, Lamine Ammar-Khodja a compris qu’il ne tournait pas un film sur l’identité mais sur « lis ton idée ».

« Comment recadrer un hors-la-loi en tirant sur un fil » est le récit en couleur d’un débat sur l’identité nationale avec des idées propres à chacun. Un débat qui trop souvent vire au noir et blanc car emporté maladroitement dans la boucle de l’islam ou par le retour du colonialisme comme le rappelle ce court-métrage. La construction d’une identité balayée par un souffle de vent puissant à l’image de cette maison qui s’écroule.

Bref, c’est l’histoire d’un fil rouge en perpétuel désaccord et raccord avec l’identité nationale. L’histoire d’un fil rouge qui finit par se trouver.

Dans le cadre du 8e Panorama des Cinémas du Maghreb et du Moyen-Orient, « Comment recadrer un hors-la-loi en tirant sur un fil » a été projeté jeudi 18 avril au cinéma L’Ecran de Saint-Denis.

À propos de Lamine Ammar-Khodja

Lamine Ammar-Khodjaest né à Alger en 1983. C’est à l’âge de 19 ans qu’il rejoint l’Hexagone. Direction Paris où il suit des études en électronique-informatique. Amoureux des images, de la littérature et de la musique, c’est le cinéma qui rassemblera ses trois passions. Après sa formation d’ingénieur, il passe donc un Master 2 en Réalisation Documentaire de Création à l’Université de Granoble 3/Lussas. Il réalise un triptyque de courts-métrages : « Alger moins que zéro » (2011), « ’56 SUD » (2010), « Comment recadrer un hors-la-loi en tirant sur un fil » (2010). Son premier long-métrage « Demande à ton ombre » (2012) est sélectionné au FID Marseille et obtient le Prix Premier.

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