Comme un mail à la poste


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La Société nationale des postes du Burkina Faso (Sonapost) offre depuis quatre mois un service Internet à ses clients. Le système permet de palier la chute de la correspondance traditionnelle. Le succès est sans appel et pourrait détrôner les cybercafés locaux.

Poster un mail. Un geste devenu plus que banal dans les centres de la Société nationale des postes burkinabée. La Sonapost fournit, avec l’aide du siège français (groupe La Poste) et des Nations Unies, un accès Internet à ses clients. Depuis le mois de mai, les villes de Ougadougou, Zinaré et Ouahigouya sont équipées de cyberpostes. Leur fonctionnement est identique à celui des cybercafés classiques. Les visiteurs peuvent, en plus, être formés aux nouvelles technologies et envoyer des mandats grâce à un serveur spécial. Pour l’instant, la capitale est la seule à posséder des cyberkiosques qui offrent une connexion haut débit.

Internet chez la Sonapost. Voilà un binome qui pourrait paraître antinomique. L’essor des courriels (courriers électroniques) a fait reculer les envois de lettres. Ce n’est pas un phénomène nouveau. « Dès 2001, j’avais tiré la sonnette d’alarme. Les e-mails avaient alors fait chuter l’activité relative aux courriers de 15% », se souvient Arthur Kafando, directeur-général de la Sonapost. Pour redresser la situation, la société a choisi de cibler les besoins des entreprises et de s’approprier les nouvelles technologies. Avec succès. L’augmentation de la fréquentation des cyberpostes et des cyberkiosques a été spectaculaire. A leurs débuts, les centres accueillaient « 60 000 personnes par mois ». Aujourd’hui, ils reçoivent « près d’un million de visiteurs ».

La mort de l’enveloppe timbrée ?

A tel point que les cybercafés classiques pourraient avoir du souci à se faire. La Poste est une entreprise publique qui jouit d’une bonne réputation. Conséquence : « Des habitants de Ouahigouya ont abandonné leur cybercafé local pour se rendre dans leur centre de poste », explique Arthur Kafando. L’engouement pour les e-mails pourrait-il miner complètement l’envoi de lettres ? « Lorsque le télégraphe a fait son aparition, tout le monde croyait que la poste allait disparaître. Internet va simplement compléter notre activité et permettre de compenser en partie la baisse du courrier », commente sereinement le directeur-général de la Sonapost.

Le véritable problème viendrait plutôt des relations avec le voisin ivoirien. Avec la crise politique dans le pays, « le courrier destiné aux trois millions de Burkinabés expatriés en Côte d’Ivoire ne passe plus. Le transfert de mandats des deux côtés de la frontière se fait par Internet à un prix très élevé. Dix fois plus cher qu’un mandat classique », explique Arthur Kafando.

Les derniers réglages ne sont pas encore tout à fait au point. Mais les coupures de réseau n’empêchent pas les internautes d’être satisfaits. Ils expriment même le désir de voir la surface de la salle Internet de Ougadougou agrandie. La fusion entre Internet et la Sonapost semble être faite pour durer. La poste de Bobo Dioulasso devrait inaugurer le 19 septembre prochain la création de son cyberposte.

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