Coaching en entreprise : la vogue atteint l’Afrique


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A l’instar de l’Europe et
des Etats-Unis, les entreprises
privées comme publiques se
tournent vers la formation
en management et le
développement de la
communication interne…
Yes we can !

Emmanuel Guidibi, directeur général d’Afrique
Conseil, entreprise béninoise qui offre du
coaching aux entreprises depuis 1988, est fier
d’afficher quelques succès : grâce à un programme
de formation en management et en marketing, une
entreprise de télécommunications – dont il ne peut
dévoiler le nom, déontologie du métier oblige – « qui
a démarré en même temps que deux autres concurrents,
a gagné de très loin la bataille de lancement
bien qu’étant dans la position de David face à deux
Goliath ».
Quant au cabinet de coaching ivoirien Improov, créé
par Dorcas Manou Lasme Adou, il a réussi à améliorer
considérablement la communication interne au sein
de la branche locale de Nestlé.

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Partout en Afrique, des entreprises, mais aussi des
administrations publiques se tournent vers le coaching
comme moyen d’améliorer leur management
ou leurs performances. « Certains clients nous ont dit
que nos programmes sont exceptionnels pour changer
l’atmosphère et la motivation à la performance d’une
équipe », relate Dorcas Manou Lasme Adou.
À Cotonou, Émmanuel Guidibi a même reçu plusieurs
distinctions et prix…

Qu’est-ce que le coaching ?

Le terme « coaching » est dérivé de l’univers sportif.
En anglais, coach veut dire « entraîneur ». En
entreprise, ou au niveau individuel, le « coach »
est celui qui pousse l’entreprise, l’administration,
ou tel service, à développer au maximum
son potentiel. Le terme « coaching » englobe des
interventions aussi diverses que la formation en
management et au leadership, le « team building »
(travail en équipe), le développement des ressources
humaines, la communication et la prise
de parole en public, la formation à la négociation
et à la vente, le développement personnel, le développement
de l’estime de soi…

Une nouvelle culture d’entreprise

Venue des États-Unis, la vogue du coaching en entreprise
(business coaching) est déjà bien implantée en Europe,
et la vague déferle sur l’Afrique depuis quelques
années. Question de culture, les pays anglophones ont été les
premiers à s’ouvrir à cette nouvelle discipline, et les cabinets
internationaux de coaching les plus importants ont
souvent des filiales locales. Ainsi, en Afrique du Sud, la
franchise locale de Action Coach, l’un des leaders mondiaux
du coaching d’entreprises, créé par l’Australien
Brad Sugars, propose-t-elle une équipe d’une vingtaine
de coachs professionnels. Au Nigeria, le quotidien économique
Business Day ouvre régulièrement ses colonnes
aux chroniques d’Émmanuel Imev-bore, qui y prodigue
ses conseils en coaching.
Et les pays francophones sont de plus en plus nombreux
à emboîter le pas. « Nous sommes dans une société
hybride, et le passage incessant de la tradition à
la modernité fait parfois naître des difficultés », reconnaît
la Tunisienne Olfa Khalil Arem, qui a créé Eye’s
Coach, l’un des tout premiers cabinets de coaching en
Afrique du Nord. À Abidjan, Improov affiche parmi
ses clients des entreprises oeuvrant dans des secteurs
aussi différents que Citibank, la Radio Télévision ivoirienne,
ou Orange.

Un outil pour le développement

Au Bénin, Afrique Conseil est souvent appelé par des
administrations publiques, des ministères et des institutions
internationales : « À chaque fois, Afrique Conseil
a été chargé d’introduire, au sein de ces entreprises publiques,
la démarche du management et du marketing,
en ouvrant l’esprit de leurs cadres à la culture d’entreprise
qui va avec », explique Emmanuel Guidibi.
Parmi ses clients, on compte ainsi les directeurs de
cabinet et les secrétaires généraux des ministres du
Travail d’Afrique francophone, la BCEAO (Banque
centrale des états de l’Afrique de l’Ouest) et les bureaux
locaux du PNUD (Programme des Nations
unies pour le développement) ou de l’UNICEF. Car
les formations en management, ou les interventions
pour améliorer les relations humaines proposées, sont
parfois financées par des bailleurs de fonds, dans le
cadre de programmes visant à améliorer la « gouvernance
» dans les pays du Sud : Réinventer la gouvernance
qui décourage la corruption est ainsi le titre d’un
des ouvrages d’Emmanuel Guidibi. En Tunisie et au
Maroc, l’USAID (Agence des États-Unis pour le développement)
finance ainsi de nombreux programmes
de « formation de formateurs », en gestion municipale
ou en gestion publique, l’une des nombreuses facettes
du coaching.

Le coaching d’individus commence aussi à naître sur
le continent : qu’il s’agisse de réorienter sa carrière,
de créer et développer son entreprise, ou de changer
d’orientation professionnelle. Ainsi, « KLA » – l’anonymat
est toujours de mise dans ce métier – directeur
informatique dans le secteur des télécoms en Côte
d’Ivoire, se dit heureux d’avoir fait appel au coaching
pour changer de métier : « Un coaching réussi. J’ai
revu mes opinions, changé de perspectives et également
d’entreprise. Ce programme m’a permis de
prendre conscience de mon potentiel réel et de savoir
le mettre en valeur. »

La création d’un réseau

Des associations professionnelles commencent à se
mettre en place. Ainsi sont apparus le Réseau international
des coachs africains (RICA) et le Leaders
Club International, sous la férule du coach burkinabé
Christ-Ange Merlin, dont les conférences
empruntent énormément au style des télévangélistes
américains, avec ce credo : « La diffusion de formations
de coaching sera la solution pour un continent
en général et une population en particulier en quête
d’épanouissement, de succès et de développement
dans tous les secteurs d’activité. Une occasion surtout
de contribuer à l’épanouissement et au bien-être
africains. » Améliorer la performance des entreprises
et des administrations africaines à travers un accompagnement
de leurs managers, c’est certainement un
début dans cette voie…

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