Charte de la diversité : pour des entreprises aux couleurs de la France


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Drapeau de la France
Drapeau de la France

La sixième édition de la signature de la charte de la diversité a été organisée ce mardi à Paris. De nombreuses entreprises, notamment des médias, se sont engagées en la signant à œuvrer en faveur de l’égalité des chances.

Elle en a fait, du chemin. Lancée il y a six ans, la Charte de la diversité, qui au départ n’avait recueilli qu’une trentaine de signatures, en compte désormais 2900. En y souscrivant, les entreprises expriment leur volonté d’agir pour que leurs effectifs reflètent mieux la diversité de la population française. Elles s’engagent ainsi à favoriser la cohésion et l’équité sociale. L’objectif : faire en sorte que les compétences de chacun et chacune soient reconnues quelques soient l’origine, le handicap, le sexe, l’âge… La Charte est soutenue majoritairement par les Petites et moyennes Entreprises (PME) et par les toutes petites entreprises (TPE). Les grandes entreprises représentent 2% des signataires.

Trois questions à Kag Sanoussi, secrétaire général de la Charte de la diversité :

Afrik.com : Vous êtes secrétaire général de la Charte de la diversité depuis janvier 2010. Quel est votre bilan ?Kag.jpg

Kag Sanoussi : Les choses changent, mais il reste beaucoup à faire. D’où la nécessité d’être vigilant et de faire beaucoup d’efforts. On ne doit pas dormir sur nos lauriers. La France d’il y a dix ans n’est pas la même que celle d’aujourd’hui, et le problème reste toujours immense.

Afrik.com : Quels sont les avancées positives que vous avez pu noter?

Kag Sanoussi : Chaque année, il y a 400 à 500 signataires de plus. Il y a très peu aujourd’hui de professionnels qui ne soient sensibilisés par la discrimination. Avant beaucoup disaient non ça n’existe pas. Il y avait un véritable déni de la réalité. Mais maintenant il y a une prise de conscience. Le problème, c’est que dès qu’on parle de discrimination on pense aux noirs arabes et asiatiques. Mais la notion de diversité concerne tout le monde.

Afrik.com : Concrètement que mettez-vous en œuvre pour faire évoluer la situation ?

Kag Sanoussi : Signer veut dire agir. Nous avons développé deux choses depuis l’an dernier. La participation à la Charte n’est plus gratuite. Tout nouveau signataire a l’obligation chaque année de rendre un rapport pour dire ce qu’il a fait en matière de diversité. Celui qui ne le fait pas au bout de deux années de suite est exclu de la charte. En mettant ce système en place, on pensait qu’on allait perdre les deux tiers des participants. Mais pas du tout. Nous allons d’ailleurs créer une mallette pédagogique pour accompagner et aider les entreprises publiques et privées en difficulté à s’en sortir.

A l’initiative de ce projet, Claude Bébéar, président de l’IMS entreprendre pour la cité et Yazid Zabeg, Commissaire à la diversité et à l’égalité des chances. L’idée de créer une Charte de la diversité est née en janvier 2004 dans un rapport intitulé « Les oubliés de l’égalité de la chance », publié par l’institut Montaigne qu’ils ont coécrit avec Laurence Méhaignerie.

Les professionnels des médias ont aussi été invités à la signer. En effet, les médias français sont loin de constituer jusqu’à maintenant un exemple en matière de promotion de la diversité dans leur mode de recrutement et leur traitement de l’information, selon le rapport 2010, « Médias et diversité » du club Averroès. Mais Nombre d’entre eux ont pris conscience de l’importance de leur rôle dans cette problématique et tentent de mener des actions concrètes pour que les choses évoluent.

Plus de diversité dans les écoles de journalisme

Certaines écoles de journalisme n’hésitent plus à modifier leur mode de recrutement pour donner une chance à tous de réussir le concours. « Tous les responsables de formation ont compris qu’il faut bouger pour que les choses changent », a souligné Rémy Rieffel, sociologue des médias et directeur du master de journalisme à l’institut français de presse. « En modifiant les modalités d’admissions dans notre master, six étudiants issus de l’immigration l’ont réussi », note-t-il.

Mais l’accès à ces écoles pour les minorités ne constitue pas qu’un problème culturel, mais aussi financier, selon un représentant de l’Agence France presse (AFP). « Nous recrutons plusieurs jeunes en contrats d’apprentissage. Ce qui permet à ceux qui ne peuvent pas se payer une grande école d’avoir des études de qualité », a-t-il déclaré. D’autres part, l’agence participera aussi à la semaine de la presse, à la mi-mars, qui consiste à expliquer en quoi consiste le métier de journaliste dans les collèges et lycées.

Au delà du recrutement, il faut aussi changer les regards sur cette diversité. Des médias alternatifs tels que : Africultures, ou Respectmag donnent une autre vision des choses. De même, le Bondy Blog, créé en 2005, devenu incontournable, propose un autre traitement médiatique de la banlieue, qui souffre de préjugés et de clichés véhiculés par certains médias.

Le rédacteur en chef du quotidien Le Parisien, Phillipe Duley, préconise « d’arrêter de faire venir des experts et des spécialistes de la banlieue. Allons sur le terrain, il y a que cela de vrai ! Les rapports, les chiffres, tout ça s’est bien, mais il faut s’immerger pendant plusieurs jours pour mieux comprendre les choses ».

Une façon pour les médias de participer en tant que vecteurs d’opinions dans la lutte contre la discrimination.

En savoir + : Le site internet de la Charte de la diversité

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