Charles Taylor refuse de comparaître à La Haye


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Charles Taylor a refusé de comparaître, ce lundi, à La Haye (Pays-Bas), devant la justice internationale qui le juge pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité qu’il aurait commis pendant le conflit en Sierra Leone. L’ancien chef de l’Etat libérien estime qu’il n’aura pas droit à un « procès équitable ».

Charles Taylor refuse de comparaître devant les juges du Tribunal spécial du Sierra Leone (TSSL) délocalisé à La Haye (Pays-Bas). L’ex-président libérien est jugé, à partir de ce lundi, pour les crimes qu’il est accusé d’avoir commis dans le cruel conflit de la Sierra-Leone (1991-2001). « J’en suis arrivé à la conclusion que je ne recevrai pas de procès équitable devant le Tribunal spécial (pour la Sierra Leone) à ce stade et je dois refuser d’assister aux audiences. (…) Je ne peux pas participer à cette comédie qui est injuste pour le peuple du Liberia et pour le peuple de Sierra Leone », a écrit Charles Taylor dans une lettre lue par son avocat britannique, Me Karim Khan.

Responsabilité minime ou maximale ?

Charles Taylor devait être jugé au Tribunal spécial pour la Sierra Leone, qui siège à Freetown. Mais, de peur que des tensions naissent en Sierra Leone, la nouvelle présidente libérienne, Ellen Johnson Sirleaf, a préféré qu’il soit jugé dans les locaux de la Cour pénale internationale.

Onze chefs d’inculpation ont été retenus contre Charles Taylor, parmi lesquels des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, des viols, des pillages, le recrutement d’enfants soldats ou encore l’esclavage sexuel. Il est accusé entre autres d’avoir soutenu les mutilateurs du Front révolutionnaire uni de son camarade Foday Sankoh. Ses objectifs présumés : avoir un gouvernement qui soit favorable à ses intérêts et mettre la main sur les diamants que recèle le petit pays ouest-africain.

L’ancien chef de guerre de 59 ans, incarcéré depuis un an au Centre de détention de Scheveningen (banlieue de La Haye), a nié les accusations en mars 2006, lors de sa première apparition devant la cour de Freetown. Son avocat, Me Karim Khan, a choisi d’axer sa défense sur le rôle qu’il estime mineur de son client dans les exactions. L’accusation considère, à l’inverse, que son implication est majeure. La Cour pénale internationale aura justement pour but de déterminer quel est le degré de responsabilité de Charles Taylor.

150 témoins contre Charles Taylor

Le procès de Charles Taylor, qui a dirigé le Liberia de 1997 à 2003 avant de s’exiler au Nigeria, devrait durer environ un an et demi, selon son avocat. Un avocat qui s’est plaint que son client n’aura pas un jugement équitable en raison de la délocalisation du procès et du manque de moyens pour organiser la défense. Il faut dire que l’accusation, elle, ne va pas lésiner sur les moyens : 150 témoins sont prêts à attester des crimes imputés à Charles Taylor, qui obtient le triste titre de premier ancien chef d’Etat africain jugé par un tribunal international.

D’aucuns regrettent que celui que l’on surnomme le « Milosevic de l’Afrique », du nom du défunt président de l’ex-Yougoslavie, ne rende pas de comptes pour les crimes perpétrés au Liberia, première nation indépendante du Continent. Outre les accusations de corruption, qui lui ont valu le sobriquet de « Superglu », il aurait laissé des seigneurs de guerre mener des campagnes de terreur et des enfants soldats drogués rivaliser d’atrocité. Au final, les deux conflits ont fait, entre 1989 et 2003, près de 400 000 morts.

En cas de condamnation, Charles Taylor ne sera pas emprisonné aux Pays-Bas, qui n’ont accepté de le juger que s’il effectuait sa peine ailleurs. La Grande-Bretagne s’est d’ores et déjà déclarée prête à l’accueillir.

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