Centrafrique : une mission du médiateur tourne à la mise en séquestre de cinq ministres


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Léon Essongo, représentant du médiateur de la crise centrafricaine

Le 17 mars 2013, le représentant du médiateur de la crise centrafricaine, Léon Essongo a effectué une mission à Sibut, ville située à 185 kilomètres de Bangui sur la route de Damara où sont regroupés les combattants du séléka (ceux de l’axe Damara). Seulement, les ministres du Gouvernement d’Union nationale qui accompagnaient le représentant du médiateur ont été mis sous séquestre par les ex-combattants.

Ils étaient ministres du gouvernement d’union nationale à avoir été bloqués à Sibut, préfecture de Kémo, par les ex-combattants de la coalition séléka. Il s’agit de Christophe Gazam-Betty, ministre de la Communication, Michel Djotodjia, vice Premier-ministre, ministre de la défense, Mohamed Daffahne, ministres des Eaux et forêts, Amalas Amias Aroune, ministre du commerce et Herbert Djono Ahaba, ministre de la recherche minière.

En effet, la résolution de la crise centrafricaine, du moins la mise en œuvre des accords de cessez-le-feu et l’accord politique signés à Libreville le 11 janvier 2013 avait, à un moment donné, pris du plan dans l’aile. Les parties signataires, principalement le pouvoir et le séléka, s’accusent mutuellement de ne pas afficher la volonté de faire avancer le processus. Le séléka exige la libération immédiate des prisonniers politiques, alors que le président Bozizé s’oppose à cette revendication. Ainsi, chacun campe sur sa position et les choses trainent en longueur.

Une fois saisi de ce statut quo, le médiateur de la crise centrafricaine, le président congolais Dénis Sassou Nguésso a dépêché son représentant Léon Essongo à Bangui, en vue de s’enquérir des facteurs du blocage. M. Essongo a tout d’abord fait savoir aux ex-combattants de la séléka que le président Sassou tient beaucoup, au nom de ses homologues de la CEEAC, à ce que la République centrafricaine puisse se développer à la même allure que les autres pays de la sous-région. Par ailleurs, le but de sa mission est exclusivement d’écouter les uns et les autres sur les raisons du blocage du processus.

Léon Essongo, représentant du médiateur de la crise centrafricaine

Entre temps, il a déjà fait cinq jours d’entretien et de contacts avec les acteurs politiques dans les deux rangs que ce soit du côté séléka que du pouvoir, ainsi que les autres parties prenantes aux négociations de Libreville à Bangui. « Les choses n’avancent plus » a indiqué Léon Essongo. Mais le déplacement de Sibut s’inscrit dans le but exclusif de recenser les revendications formulées par la base de séléka, ce qui devait se poursuivre sur tout l’ensemble des zones occupées par le séléka.

Onze revendications

Selon les ex-combattants, « le président Bozizé n’a pas manifesté sa volonté pour mettre en œuvre les accords de Libreville » a martelé le colonel Sylvain Bordas qui a parlé au nom de ses pairs. C’est pourquoi, ils ont formulé des revendications auxquelles, « si Bozizé manifeste sa volonté de faire avancer les choses nous mèneront des actions positives ». Il s’agit des onze points suivants :

 La bonne application des accords de Libreville signés le 11 janvier 2013 ;

 Le retrait immédiat des forces extérieures en dehors de la CEEAC dont les forces sud-africaines ;

 La cessation des violences de la part des FACA sur la population civile au nom du séléka ;

 La ré-attribution des dix postes ministériels demandés par la coalition séléka ;

 L’enlèvement immédiat des toutes les « barrières balaka » sur les routes ;

 La libération immédiate des prisonniers politiques ;

 L’intégration immédiate de mille ex-combattants de la séléka dans les forces de défense et de sécurité, en vue d’assurer la protection de leurs ministres au sein du gouvernement ;

 La confirmation par décret des galons des ex-combattants qui ont opté pour être insérés dans les forces de défense et de sécurité ;

 Le rejet des allégations d’Abakar Sabone, qu’aucun de ses éléments ne se trouve dans les forces séléka ;

 Le rejet des zones de cantonnement au-delà de Sibut ;

 Tous les ministres séléka, faisant partie de la mission du médiateur resteront à Sibut.

Le représentant du médiateur a affirmé, avoir pris bonne note de toutes les revendications qui seront soumises à une analyse et qu’une réponse sera très bientôt sur la table des ex-combattants. Mais, il se réserve de répondre à quelconque question sur le champ. Toutefois, il a rassuré les ex-combattants d’une suite favorable de la part du médiateur, étant donné que « dans vos revendications, il y a déjà des poches de solutions » a assuré le médiateur aux ex-combattants.

Par contre, sur le dernier point des revendications relatif au séquestre des membres du gouvernement à Sibut, Essongo a déclaré ne pas pouvoir « rentrer à Bangui si un membre de la mission reste ici ». Histoire de mettre la pression pour que les ministres soient libérés. Malheureusement, les négociations qui ont suivi à ce sujet ont été vaines. Seulement, le ministre de l’ Administration du territoire, Léon Dibéré, n’étant pas naturellement du séléka était autorisé à rentrer à Bangui avec l’équipe du médiateur et les journalistes, ainsi que les représentants des organisations internationales (PNUD, Union africaine, CEEAC, Union européenne) qui ont fait le déplacement. Les ex-combattants, en se comportant ainsi, ont estimé que le discours du chef de l’Etat à l’occasion de la célébration de son 10ème anniversaire du sursaut patriotique de 2003 a été « très incendier » et par conséquent, présenterait une réelle menace pour les ministres séléka à Bangui. Donc, leurs ministres seraient plus en sécurité parmi les siens qu’à Bangui.

Entre temps, les ex-combattants ont donné un ultimatum de 72 heures au président Bozizé pour poser un acte qui puisse démontrer sa bonne volonté à appliquer les accords de Libreville, sinon ils marcheraient sur Bangui.

Des deux côtés, l’heure est plutôt à l’apaisement, et non plus à une reprise des hostilités. Comme le représentant du médiateur a promis que des contacts seront pris pour concilier les uns et les autres, le peuple centrafricain n’attend que cela pour qu’une paix durable revienne en République centrafricaine.

Quel rôle doivent jouer les experts dans le règlement des sinistres ?

Le rôle auquel les experts sont appelés à jouer dans les cas des sinistres est présentement au centre d’un atelier de formation, à l’hôtel JM Résidence à Bangui. C’est une initiative de l’Institut international des Assurances dans l’optique de former et sensibiliser les professionnels qui interviennent dans le circuit de l’assurance, aux fins d’une efficacité dans leurs rôles respectifs. C’est le ministre délégué au budget, Dieudonné Tokofeissé, assisté d’Abdias Saba, directeur d’assurance banque et micro-finance, qui ont ouvert le séminaire.

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