Centrafrique : opération de lynchages anti-musulmans


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La communauté musulmane de Bangui continue d’enterrer ses morts depuis. Plusieurs fosses communes ont vu le jour depuis le début de l’opération française « Sangaris », moment propice pour les milices chrétiennes de se venger sur la population des exactions des ex-Séléka.

Les premières opérations de désarmement en Centrafrique, engagées lundi dernier par l’armée française, signaient un retour au calme. Les tensions sont pourtant toujours aussi vives entres musulmans et chrétiens de la capitale. Pour se venger des exactions commises par les ex-rebelles de la Séléka, en majorité musulmans, des milices chrétiennes s’en prennent directement à la population musulmane à coups de machettes. Des journalistes présents sur place ont été témoins de scènes violentes comme celle d’un homme en train de massacrer à coup de machette un musulman. Un véritable lynchage s’exerce en toute impunité dans la capitale centrafricaine. Les commerces appartenant aux musulmans sont pillés et détruits.

Les forces armées africaines ont toutefois entrepris quelques opérations d’exfiltration de musulmans en danger, dans quelques quartiers de la capitale. Dans le quartier PK-5, zone commerçante musulmane dans le centre de Bangui, des manifestations improvisées ont lieu pour dénoncer ce lynchage. Les militaires français sont directement visés par les commerçants musulmans : « français complices ! », « venez voir les corps », « traîtres ! », « vous aidez les chrétiens à nous tuer ». La France est en effet accusée d’avoir semé davantage le trouble dans le pays. « Les Français organisent le génocide. Ils sont avec les chrétiens », scandent la foule du quartier PK-5.

Plusieurs fosses communes ont vu le jour depuis le début de l’opération française « Sangaris » suite à la mort de nombreux musulmans tués dans plusieurs quartiers, dont ceux voisins de Gobongo et Combattant, proches de l’aéroport.

Tentative de réconciliation

Des chefs musulmans et chrétiens se sont retrouvés ce matin, dans le 3e arrondissement de la capitale afin de tenter une réconciliation, a constaté un journaliste du Monde. L’approche a eu lieu sous un petit hangar d’un commissariat, à proximité du marché de PK-5, où les commerces, essentiellement tenus par des musulmans, sont toujours fermés.

L’objectif est désormais d’entamer un travail de réconciliation entre les deux communautés. Le discours se voulait apaisant. « Il faut que, ensemble (chrétiens et musulmans), nous indiquions les personnes qui agissent contre la paix. Il faut dire non à ces personnes », déclarait ce matin Ahmat Deliris, deuxième vice-président de la communauté musulmane de la RCA. « Il faut que l’on fasse un trou pour enterrer tout le mal, toutes les rancœurs qui amènent à la vengeance », insistait pour sa part Kombe Bervet, responsable chrétien du quartier. Ce dernier préconise la mise en place de comités de défense où chrétiens et musulmans pourraient ensemble protéger la zone.

Certains ne croient pas à la réconciliation, car la « peur » est présente dans les deux camps et la soif de vengeance hante toujours les esprits. Car après le début des crimes anti-musulmans, ces derniers ont à leur tour entrepris des opérations de vengeance. Comment la France compte-t-elle tempérer la situation ?

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