Centrafrique : Nicolas Tiangaye veut éviter « un bain de sang »


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Le Premier ministre centrafricain, Nicolas Tiangaye, veut négocier avec la Séléka pour éviter « un bain de sang ».

Les rebelles de la Séléka sont aux portes de Bangui. Le Premier ministre centrafricain, Nicolas Tiangaye, figure de l’opposition au président François Bozizé, a lancé samedi un dernier appel à négocier avec la Séléka afin d’éviter un « bain de sang » dans la capitale centrafricaine. Les rebelles, qui avaient déclaré ne plus vouloir négocier avec Bozizé au pouvoir depuis 2003, souhaitent qu’un gouvernement de transition soit mis en place.

« Le Premier ministre demande à nos frères de la Séléka de se mettre en rapport avec le gouvernement d’union nationale pour trouver une solution pacifique et éviter un bain de sang », a déclaré à l’AFP le porte-parole du gouvernement, Crépin Mboli Goumba. « Il y a eu la déclaration des Nations unies, du département d’Etat américain, du président tchadien Idriss Deby, tous rappellent l’importance de l’application des accord de Libreville (signés le 11 janvier antre pouvoir, rebelles et opposition politique) et le rôle du gouvernement d’union nationale », a précisé Mboli Goumba, opposant au président Bozizé. « On peut gagner ou perdre une guerre mais il est extrêmement important de gagner la paix », a-t-il conclu.

Les rebelles, eux, estiment avoir été patients. Désormais, la Séléka qui est parvenu à occuper plusieurs grandes villes du pays, ne souhaite plus négocier avec le pouvoir en place et semblent déterminer à prendre Bangui. Elle souhaite le départ du président Bozizé, bien que l’accord de paix prévoie son maintien au pouvoir jusqu’à la fin de son mandat en 2016. François Bozizé ne terminera probablement pas son mandat, puisque, selon nos sources, le président centrafricain aurait quitté le pays pour aller se réfugier en Afrique du Sud. L’information reste cependant à confirmer. Information certaine, il a quitté Bangui.

La Séléka préfère négocier avec la CEEAC

Le feu vert de l’assaut sur Bangui par les rebelles est encore inconnu. Aucun coup de feu n’a pour le moment été entendu dans la capitale. Mais si la Séléka parvient à s’emparer du pouvoir, elle mettra en place un gouvernement de transition.

Le président tchadien, Idriss Déby, a averti sur les ondes de RFI que « nous ne pouvons accepter une prise du pouvoir par les armes, nous ne pouvons pas accepter non plus la remise en cause du gouvernement qui a été formé après Libreville, a-t-il dit. Il faudra arriver à une solution sans verser du sang », a-t-il ajouté.

Les rebelles se trouveraient à moins de 75 km de Bangui, dans la région de Damara. Le colonel Narkoyo, de la Séléka, s’est dit prêt à négocier avec la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC). Pour rappel, la CEEAC avait envoyé en décembre dernier des troupes en Centrafrique au secours de Bozizé pour repousser la première offensive des rebelles. « Si les chefs d’Etat de la CEEAC le demandent nous sommes prêts à les rencontrer et discuter », a affirmé le colonel Narkoyo.

Panique à Bangui

Vendredi, la peur dans la capitale centrafricaine atteignait son apogée. « La population court dans tous les sens et se bouscule pour regagner leur domicile. Les quelques rares voitures et taxis sur les voies circulent à grande vitesse », a rapporté vendredi le correspondant d’Afrik.com à Bangui. « C’est l’effervescence actuellement à Bangui où la population attend dans la panique et le suspens l’irruption un moment ou un autre des troupes du Séléka », a-t-il ajouté.

Le général Narkoyo a appelé les habitants de la capitale à rester chez eux. Il a tenu à les rassurer en précisant qu’ils ne devaient « pas avoir peur. Nous n’en avons pas après les populations. Nous en avons après les militaires. »

Un contingent français de 250 militaires est actuellement sur place avec pour mission de protéger la communauté française installée à Bangui. Des militaires sud-africains sont également sur place. Le colonel Narkoyo a demandé au président Jacob Zuma, chez qui Bozizé s’est probablement réfugié, de retirer ses troupes de la capitale.

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