Centrafrique : le sort des prisonniers politiques toujours en question


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Pendant que les rebelles de la Séléka sévissaient dans le Nord et le Nord-Est de la République centrafricaine et manifestaient intempestivement la volonté d’investir le pouvoir de Bangui, plusieurs ressortissants de ces régions ont été enlevés à Bangui. On reproche à ces derniers d’être en connivence avec les rebelles. Jusqu’alors, personne d’autres que Bozizé et ses milices ne savent où et dans quel état se trouvent ces prisonniers.

Au nombre des signaux forts à émettre par les signataires des accords de Libreville du 11 janvier figure en bonne place la libération des prisonniers politiques. D’après l’article 14 de l’Accord politique, « le Gouvernement s’engage à libérer les persdonnes arrêtées en relation avec la crise sécuritaire ». Cependant, il s’est avéré que ce chapitre reste un véritable serpent de mer.

Le 17 janvier dernier, au cours de la réunion tenue à l’invitation du président Bozizé au Palais de la Renaissance avec toutes les forces vives de la nation, la question a été posée par le patron de la coalition Séléka, M. Michel Djotodjia. Mais, Bozizé visiblement sorti de ses gangs, a répondu par le jeu de l’arroseur en renvoyant la question à l’homme fort de la Séléka sur sa part des engagements. Bozizé a semblé justifier le statu quo par le fait que l’Article 13 de l’Accord politique n’a tout de même pas été appliqué par Séléka et qu’à ce titre, le pouvoir n’a pas de leçon à recevoir de cette entité. Evidemment, l’Article 13 de l’Accord politique stipule : « les forces de la coalition Séléka s’engagent à se retirer des villes occupées et à abandonner la lutte armée ». Or, à ce jour, Séléka contrôle encore les localités conquises. Bien au contraire, dimanche dernier, elle a encore ratissé large en occupant les villes de Dimbi et de Kembé plus à l’extrême sud-est où le comandant de la brigade de gendarmerie a été assassiné.

Chasse aux sorcières

Tout compte fait, la stagnation de la position rebelle est beaucoup prise au sérieux par Bozizé qui s’en sert comme alibi pour garder aussi longtemps en prison les personnes consédérées comme les cerveaux de la rébellion. Le sultan de Birao, Abakar Ben Outman, joint au téléphone, dans son retranchement, a déclaré à ce sujet : « effectivement, nous avons constaté des cas de libération. Mais quelques rares de ces personnes enlevées ou arrêtées n’ont pas encore recouvré leur liberté. Nous ne connaissons pas encore leur destination et même pas leur situation. Nous vivons dans la peur et l’inquiétude. Nous avons même peur de notre ombre. Moi-même là j’ai abandonné mon habitation pendant plusieurs jours et je vivais cacher ».

Notons que dès le déclenchement des hostilités le 10 décembre 2012, une véritable chasse aux sorcières a été lancé à Bangui contre les ethnies Goula et Rounga au prétexte que la Séléka serait composée essentiellement des membres de ces éthnies du nord et nord-est de la RCA. Des enlèvements, en cascade ont été enregistrés. Beaucoup de ressortissants de cette région demeurent introuvables mêmes dans les lieux de détention.

Selon l’un de ses milices, M. Mike Stève Yambété, coordonnateur de la plateforme COAC (Coalition des actions citoyennes), coalition sœur à la coalition COCORA, lors d’une conférence de presse au complexe sportif 20 000 places. Ce dernier a avoué : « nos actions ont permis de mettre la main sur un nombre important des rebelles ici à Bangui qui sont gardés à la SRI (Section de recherches et d’investigation) ». Par ailleurs, il n’a pas précisé combien sont-ils.

Toutefois, c’est l’inquiétude dans les familles de ces personnes enlevées. Ce seraient-ils placés en lieux sûr où sommairement exécutés ? La question reste posée.

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