
Alors que Bangui bruisse de rumeurs concernant une hospitalisation en urgence du président Faustin-Archange Touadéra, le gouvernement centrafricain a tenu à rassurer l’opinion publique ce dimanche 23 juin. Selon les autorités, il ne s’agit nullement d’une évacuation sanitaire, mais d’un déplacement officiel à Bruxelles, au cours duquel le chef de l’État a simplement effectué un contrôle médical.
Depuis le 21 juin, les spéculations se multiplient dans les rues de la capitale centrafricaine. Plusieurs médias, dont Africa Intelligence, évoquent un transfert en jet médicalisé à destination de la Belgique, laissant entendre une détérioration soudaine de la santé du président. Ces informations ont relancé le débat sur la transparence du pouvoir en matière de santé présidentielle.
Des explications officielles jugées insuffisantes
Dans un communiqué diffusé par les canaux officiels, le gouvernement précise que ce voyage à Bruxelles avait été prévu de longue date. Selon ses porte-parole, Faustin-Archange Touadéra se porte bien et son séjour à l’étranger s’inscrit dans le cadre de ses obligations diplomatiques et personnelles.
Mais ces explications ne convainquent pas tout le monde. La discrétion entourant les déplacements du président, conjuguée au contexte politique tendu du pays, entretient un climat de méfiance. L’ancien Premier ministre et opposant Martin Ziguélé a appelé les autorités à faire preuve de plus de clarté, estimant que la santé du président n’est pas une affaire privée. C’est un sujet d’intérêt national qui doit être traité avec responsabilité et transparence.
Une situation révélatrice des failles du système de santé
Cette polémique est également révélatrice de la fragilité du système sanitaire en République centrafricaine. Que le président se rende à Bruxelles pour des soins, même préventifs, interroge les citoyens sur la qualité des structures de santé nationales. Nombreux sont ceux qui y voient une démonstration indirecte du manque de confiance des élites envers le système qu’elles administrent.
Dans les quartiers populaires de Bangui, cette situation renforce le sentiment de déconnexion entre le pouvoir et la population. « Si le chef de l’État ne peut pas se soigner ici, qu’attend-on de nous ? », s’interroge un habitant du quartier PK5.
Un enjeu de gouvernance
Au-delà de la santé personnelle de Faustin-Archange Touadéra, cette affaire soulève des questions plus larges sur la gouvernance en Centrafrique. La manière dont les dirigeants communiquent sur leur état de santé est souvent révélatrice de leur conception du pouvoir : opaque, centralisé, voire paternaliste.
Le précédent de l’ancien président tchadien Idriss Déby Itno, dont la mort soudaine en avril 2021 avait pris le pays de court, reste dans toutes les mémoires dans la région. La stabilité des institutions passe aussi par une information claire et crédible, surtout lorsque la santé du chef de l’État est en jeu.