Centrafrique : Bozizé s’adresse à Hollande


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Les rebelles du Séléka se trouvent désormais à Sibut, une ville située à 160 km de Bangui, la capitale de la Centrafrique. Menacé, le président François Bozizé s’est montré très conciliant dimanche lors de son discours à la Nation. Il propose des négociations ainsi que la formation d’un gouvernement d’union nationale, en assurant sa volonté de ne pas se représenter à l’élection présidentielle de 2016 à l’issue de son deuxième mandat. Le chef d’Etat de la Centrafrique a notamment sollicité le soutien du président français, François Hollande.

Bozizé calme le jeu. Après trois semaines d’offensives rebelles, le président de la Centrafrique a tenu un discours dimanche pour désamorcer le conflit. Pour ce faire, il propose aux rebelles du Séléka des négociations ainsi que la formation d’un gouvernement d’union nationale, tout en les prévenant qu’il ne se représentera pas à l’élection présidentielle de 2016 à l’issue de son deuxième mandat. Il en appelle, par ailleurs, au soutien du président français, François Hollande.

« Le président Bozizé a vraiment sorti tous ses atouts, toutes ses cartes dimanche. Il est prêt à aller à Libreville « à n’importe quel moment », a-t-il précisé. Il est prêt aussi à un dialogue inclusif, y compris avec les membres de la Séléka qu’il a invités à la table des négociations, pour pouvoir arriver à confectionner un gouvernement d’union nationale », rapporte RFI. Cette voie de sortie de crise, favorisée par des pourparlers, est encouragée par les organisations africaines comme la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC) et l’Union africaine (UA).« Le président (de l’UA, Thomas Boni Yayi) se déplace pour faire de la prévention, il va inviter les différentes parties à la négociation », a affirmé à l’AFP le chef de la diplomatie béninoise Nassirou Arifari Bako. « Sa démarche s’inscrit dans le cadre du soutien à toutes les décisions de la Communauté économique des Etats d’Afrique Centrale », a-t-il ajouté.

Bozizé se plie à la diplomatie

François Bozizé est arrivé au pouvoir grâce au coup d’Etat de 2003 le propulsant à la tête de l’Etat. Il devient alors président tout en gardant sa fonction de ministre de la Défense. A l’occasion d’une élection présidentielle, organisée en 2005, il est élu président et nomme un de ses fils, ministre délégué à la Défense. Son parti devient de facto parti d’Etat. Le président Bozizé est réélu en 2011 avec un score à la soviétique. Et les élections législatives qui ont suivi n’ont fait que confirmer la confiscation du pouvoir par la famille Bozizé, dont sa femme, qui remporte le scrutin au premier tour. « Quand les gens n’ont plus d’espace pour s’exprimer ils prennent les armes. C’est ce qui explique ce conflit, mais il y a par ailleurs des causes externes », analyse pour Afrik.com Lydie Boka, manager du site Strategico.fr.

Le président François Bozizé craint un coup d’Etat depuis que les rebelles du Séléka ont pris plusieurs villes du pays. Ces derniers menacent désormais de prendre Bangui. Le chef d’Etat de la Centrafrique souhaite s’entretenir avec le président français pour un éventuel soutien : « Je profite de l’occasion pour adresser au président français François Hollande ma disponibilité pour le rencontrer, si son programme le permet. Je crois qu’au cours de cette rencontre, nous pourrons débattre des questions profondes qui intéressent la République Centrafricaine, ce pays qui a trop souffert, abandonné à lui-même », a-t-il déclaré dimanche lors d’un discours à la Nation.

Or, le président français a annoncé, mercredi dernier, que la France ne va pas s’ingérer « en aucune façon […] dans les affaires intérieures » de la Centrafrique. Et que la base militaire française « c’est pour protéger nos ressortissants et nos intérêts ». Paris a ainsi renforcé ses troupes, vendredi, en envoyant 150 parachutistes à l’aéroport de Bangui, portant le nombre de soldats français à 400 hommes. Comme prévenu, ces soldats doivent d’abord et avant tout protéger les Français expatriés. Les Centrafricains, eux, ont d’ores et déjà commencer à se réfugier à la République démocratique du Congo (RDC), pays voisin.

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