Cap sur la COP 21 : Congo, le pari de l’énergie verte


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La fin du chantier du barrage de Liouesso

A quelques jours du début de la COP 21 à Paris, focus sur un pays qui a fait de sa politique énergétique un point fort, au service à la fois du développement économique et de l’amélioration du quotidien des Congolais. La mise en route du barrage de Liouesso, en décembre, apparaît comme le symbole d’une politique énergétique « verte ».

« Le pays est en passe de connaître un boom énergétique », s’enthousiasme Martial, technicien à la SNE, la compagnie nationale d’électricité. L’expression d’un rêve ? « Non, plutôt celle d’un souhait en passe d’être exaucé », rétorque-t-il.

Et pour cause, le Président Denis Sassou N’Guesso et son Gouvernement ont fait de l’accès à l’électricité l’une de leurs priorités absolues. Il s’agit de répondre à une demande en forte hausse en raison tant de l’accroissement de la population (2% par an) et de son urbanisation, que de l’industrialisation du pays qui s’opère à un rythme accéléré. Un chiffre résume à lui seul le volontarisme des autorités congolaises : de 2002 à 2015, la longueur des lignes de transport d’électricité à travers le pays est passée de 700 à 1.500 kilomètres.

Certes, pour l’heure, la Centrale électrique à gaz du Congo (CEC), basée à Pointe-Noire, fournit encore 60% de l’électricité produite à l’échelle nationale. Mais avec la multiplication des unités de production d’énergie aux quatre coins du pays, la donne est en train de changer. D’ores et déjà, le Congo dispose d’une puissance installée de 600 MW – contre 89 il y une dizaine d’années à peine – qui proviennent pour l’essentiel de la centrale thermique de la CEC à Pointe-Noire (300 MW), de celle de Brazzaville (32 MW), de la centrale à gaz de Djeno (50 MW) et des barrages de Moukoukoulou (74 MW), d’Imboulou (120 MW) et du Djoué (15 MW).

L’avenir est à la production hydroélectrique, pour que la croissance de la fourniture en électricité ne se traduise pas par une croissance de l’émission des gaz à effet de serre. C’est donc sous cet angle que le Congo a fait, ces dernières années, des choix et des investissements très importants.

L’enjeu du barrage de Sounda

Mais cette capacité, à l’avenir, pourrait être sensiblement revue à la hausse. En témoignent les études préalables qui ont été lancées en vue de la construction du barrage de Sounda dans le département du Kouilou, dont la capacité pourrait atteindre les… 1.000 MW. De quoi largement couvrir, à terme, la demande nationale en électricité estimée en 2014 à environ 340 MW et qui se répartit comme suit : 160 MW à Brazzaville, 140 MW à Pointe-Noire, 22 MW pour les départements du Niari et de la Bouenza et 11 MW pour la partie Nord du pays.

Comme partout ailleurs en Afrique, l’énergie, au Congo, figure au rang de priorité. Elle constitue d’ailleurs l’un des principaux volets de la politique de municipalisation accélérée, déployée cette année dans le département de la Sangha au Nord du pays. Ainsi, en 2015, parmi les chantiers les plus symboliques de cette politique de développement décentralisé impulsée depuis plusieurs années par Denis Sassou N’Guesso et qui touche successivement tous les départements du Congo, figure la construction du barrage de Liouesso, qui sera opérationnel dès 2016.

Liouesso bientôt en service !

D’une capacité de 19,2 MW, la centrale hydroélectrique qui y est rattachée permettra de multiplier par 6 la capacité énergétique aujourd’hui fournie à cette région par une simple centrale thermique de 4 MW à Ouesso, où l’électricité n’est disponible que de 17h à minuit.

Ainsi, non seulement Ouesso, mais aussi Mokeko et plusieurs villages voisins pourront bientôt profiter d’une fourniture d’électricité permanente et durable.

L’investissement a été à la hauteur de l’enjeu : 54 milliards de Francs CFA au total, un chiffre qui comprend le déploiement, quasiment achevé, des lignes électriques sur pylônes à travers la grande forêt primaire de la Sangha.

À n’en pas douter, l’arrivée de l’énergie permettra d’accélérer la dynamique de développement de ce département limitrophe du Cameroun et de la République centrafricaine, qui peut jouer un rôle de plaque tournante économique dans la région. Celui-ci se trouve idéalement placé pour développer des productions qui seront facilement exportées dans les territoires voisins. Au-delà du bois, qui pourrait désormais y donner naissance à une industrie tertiaire de transformation, de nombreuses productions trouveront place à Ouesso et dans ses environs dans les secteurs primaire et secondaire.

Mais le barrage de Liouesso ne contribuera pas seulement à métamorphoser le paysage économique de la Sangha. Il va également améliorer le quotidien de la population. À Ouesso, chef lieu du département, celle-ci ne cache pas son enthousiasme et… son impatience. « Grâce à l’électricité, je vais enfin pouvoir m’équiper de quelques machines pour accroître ma capacité de production », témoigne Anatole, propriétaire d’une petite scierie « artisanale » qui emploie une quinzaine de personnes.

Yolande, elle, peut enfin accéder à son rêve. « Bientôt, je pourrai utiliser la cuisinière électrique toute neuve que mon mari m’a achetée ». Quant à Merveille, elle se dit soulagée. « Mes enfants pourront étudier le soir à la lumière d’une lampe ». Et les bougies alors ? « Je ne les utiliserai plus que pour leur anniversaire », conclut-elle dans un large sourire.

La fin du chantier du barrage de Liouesso

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