Cameroun : Refonte des listes électorales ou rien


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L’opération d’inscription des citoyens en âge de voter sur les listes électorales est ouverte au Cameroun et n’attire toujours pas grand monde. Des associations et des partis politiques militent plutôt pour la refonte totale des listes que refuse l’organe en charge des élections.

Les différentes antennes d’Elections Cameroon (Elecam), organe chargé des élections au Cameroun sont ouvertes au public, invité à s’inscrire depuis le 5 janvier dernier. Au quartier Bali à Douala, le personnel de la représentation locale d’Elecam de ce quartier s’ennuie. On peut y passer plus de trente minutes sans apercevoir l’ombre d’un candidat aux inscriptions. Situation identique partout ailleurs au pays. En effet, depuis le lancement de cette opération, seul Elecam et le RDPC, le parti au pouvoir sensibilisent les citoyens et leurs militants à s’inscrire sur les listes électorales. Les autres partis politiques, pour la plupart de l’opposition et de nombreuses organisations de la société civile traînent le pas.

Refonte des listes ou boycott des inscriptions

Le ton a été donné par le Social Democratic Front (SDF), le principal parti de l’opposition. Le comité exécutif national de ce parti réuni à son siège à Bamenda le 14 janvier dernier a réitéré entre autres l’exigence de la refonte des listes électorales en lieu et place de la révision entreprise par Elecam. Le choix de la révision étant perçu par ce parti comme un refus du pouvoir, tutelle de Elecam d’améliorer le système électoral actuel qui est fortement décrié.

Le mouvement Africain pour la Nouvelle indépendance et la Démocratie (Manidem) qui tenait le même jour une réunion de son Comité National de Coordination (CNC) a instruit cette instance de sa direction à « prendre des initiatives en synergie avec les autres forces politiques et sociales pour imposer un processus électoral transparent et crédible avant les prochaines échéances électorales ».

De nombreux autres partis politiques exigent la refonte des listes et l’amélioration du système électoral avant la tenue des élections municipales et législatives prévues entre mai et juillet de cette année. L’Union Démocratique du Cameroun a déjà annoncé qu’aucune élection ne sera organisée cette année avec l’ancien fichier en cours de révision et exige sans condition une refonte totale. La majorité des 23 candidats aux dernières élections présidentielles ont dénoncé sur les médias le choix de la révision de la liste et militent eux aussi pour la refonte totale.

Des organisations de la société civile sont tout aussi rentrés dans la danse et crient au complot du pouvoir avec Elecam. « Le Rassemblement de la jeunesse Camerounaise annonce que la jeunesse ne prendra plus part aux élections tant que le gouvernement s’obstinera à la révision éternelle et non à la refonte totale des listes électorales » a annoncé dans un communiqué ce mouvement. « Allons-y on n’a plus le temps, on le fera plus tard…on jugera le maçon au pied du mur etc. » c’est l’argument qui revient tout le temps, lorsque le peuple réclame des actions pour améliorer le processus électoral. Ça suffit  » a lancé le Rassemblement de la jeunesse Camerounaise qui appelle tous les jeunes du Cameroun à s’abstenir de prendre part à une élection tant que les listes électorales ne sont pas totalement refaites.

Effet de mode

Une véritable bataille est engagée entre le pouvoir d’une part, les partis politiques de l’opposition et la société civile d’autre part sur la gestion du processus électoral au Cameroun depuis la réinstauration du multipartisme en 1991. Depuis lors, les élections ont toujours été entachés de nombreuses irrégularités qui pour certains découlent du contrôle par l’Etat de l’organe en charge des élections.

Autrefois géré par l’Etat à travers le ministère de l’administration territoriale, l’organisation a été cédée au début des années 2000 à l’ONEL. L’administration territoriale conservant la charge des inscriptions et de la manipulation du fichier électoral. Cet organe a été remplacé pendant les élections de l’année dernière par Elecam qui a désormais la charge de l’organisation des élections depuis les inscriptions. Mais en attendant, cet organe exploite encore les anciens fichiers électoraux hérités de l’administration qu’il complète avec de nouvelles inscriptions.
Or ce fichier hérité qui datent de plusieurs années comporte des doublons et des noms des personnes décédées ou privées de leurs libertés. Au Cameroun, le pouvoir en place a toujours refusé de doter le pays d’une Commission électorale indépendante tant réclamée par l’opposition, la société civile et la communauté internationale.

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