Cameroun : à force de proroger, le récépissé de la carte nationale d’identité prend du volume et de l’argent


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Le verso plein, le 30 avril prochain, il faudra encore coller une feuille blanche, afin de le proroger
Le verso plein, le 30 avril prochain, il faudra encore coller une feuille blanche, afin de le proroger

Depuis quelques années, les Camerounais éprouvent des difficultés à avoir une carte nationale d’identité (CNI). Beaucoup se baladent avec des titres d’identité provisoire (récépissé), lesquels ont pris du volume, parce que, après chaque 4 mois, il faut coller une feuille blanche au verso, afin de proroger le document. Une situation qui commence à peser lourd chez le demandeur de la CNI.

Au Cameroun, c’est aujourd’hui la croix et la bannière pour disposer d’une carte nationale d’identité. Une fois la demande effectuée, le citoyen bénéficie d’un récépissé de d »épôt, en attendant la confection de cette carte par les services du ministère camerounais de l’Intérieur. Seulement, des lenteurs font que ces récépissés arrivent souvent à échéance avant la confection de la CNI. Il faut donc fréquemment procéder à la prorogation du récépissé.

Face donc à cette situation somme toute inconfortable, les interrogations fusent. Le gouvernement n’a-t-il pas confiance à la pléthore d’ingénieurs en informatique et aux infographes que regorge notre pays ? Pourquoi toujours passer ce marché aux sociétés étrangères, qui commencent bien le travail, puis après, il y a arrêt ? Cette situation n’ouvre-t-elle pas la porte à la corruption ?

Un renouvellement « moyennant 500 ou 1500 FCFA »

Ancienne Carte nationale d’identité, remplie à la main
Ancienne Carte nationale d’identité, remplie à la main

Steve Zoni, mécanicien, se demande : « qu’est-ce qui se cache derrière la lenteur de l’établissement et la pénurie du matériel de la CNI ? Je ne comprends vraiment pas ce qui arrive à mon pays. Comment quelqu’un peut rester pendant plus de quatre ans, avec un titre d’identité provisoire (récépissé). Cela m’amène à penser que cette situation arrange certaines personnes. Je m’empresserai de citer : les colleurs de feuilles blanches au verso, moyennant une pièce de 100 FCFA, de la plastification à froid, des compagnies de téléphonie, parce que, une fois le récépissé prorogé, après chaque quatre mois, il faut à nouveau se faire identifier, moyennant 500 ou 1500 FCFA ».

« Pendant que les uns veulent rentrer en possession d’une CNI (carte nationale d’identité), d’autres par contre, ne passent même plus dans les commissariats, pour savoir si leurs cartes sont disponibles. Pour ceux qui y passent et trouvent leur carte, c’est un « ouf » de soulagement. Pour certains, ça se fête ! », déclare l’étudiante Jude Djogwé.

« Le récépissé ne peut pas remplacer la carte d’identité »

Première page du récépissé de la Cni
Première page du récépissé de la Cni

« Le titre d’identité provisoire, communément appelé « récépissé », ne peut, en aucun cas, remplacer la CNI. Avec ton récépissé de CNI, tu ne peux pas traiter avec les structures bancaires dignes de ce nom. Tu ne peux pas non plus te faire établir un passeport. Pour être clair, tes mouvements sont très limités. Nos autorités le savent bien, mais cela ne les gêne pas, puisqu’elles ne sont pas concernées par cette perturbation qui, avions-nous appris, provenait des dysfonctionnements techniques et d’un changement d’opérateur », a-t-elle ajouté.

Lors d’une conférence de presse, Dominique Baya, secrétaire général de la Délégation générale à la sûreté nationale (DGSN), expliquait la raréfaction des titres d’identité par « l’incivisme des usagers. Les détenteurs de multiples identités refusent de faire valider leur identité authentique ».

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