Cameroun : les otages des Bakassi Freedom Fighters échangés contre des prisonniers


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Le président camerounais a joué un rôle déterminant dans la négociation avec les Bakassi Freedom Fighters (BFF), qui a donné lieu, mardi, à la libération des dix otages français, camerounais et tunisien enlevés le 31 octobre dernier. S’il semble qu’aucune rançon n’ait été versée, des sources militaires avancent qu’un marchandage a eu lieu entre les preneurs d’otages et l’Etat camerounais.

Notre correspondante au Cameroun

Au terme d’une négociation tenue secrète depuis quelques jours, les otages des Bakassi Freedom Fighters (BFF) ont été libérés par leurs ravisseurs. Les six Français, le Franco-sénégalais, le Tunisien et les deux Camerounais arrivés à Yaoundé dans l’après-midi d’hier ont été reçus par Paul Biya.

Selon certaines indiscrétions, les négociations qui avaient d’abord été balayées d’un revers de main par les autorités camerounaises ont finalement été menées de main de maître par le président camerounais lui-même. Il a déployé des émissaires à Bakassi, ceux-ci ont rencontré les BFF et la mission s’est achevée sans effusion de sang. Les otages et les émissaires camerounais sont rentrés sains et saufs. Les otages ont regagné, ce mercredi, leurs pays respectifs.

Aucune rançon n’aurait été payée, mais…

Les différentes parties ayant pris part aux négociations, de près ou de loin, affirment qu’aucune rançon n’a été payée. Ni le Quai d’Orsay en France, ni le Palais de l’Unité au Cameroun, ni les deux sociétés Bourbon et Total n’ont affirmé avoir payé pour la libération des 10 otages. Pourtant, de sources militaires, de telles opérations ne se font pas sans contrepartie. De hauts responsables de l’armée camerounaise ont affirmé à la presse qu’il n’y a eu aucune rançon et que les chefs rebelles n’ont pas été identifiés par le Cameroun.

D’après le commandant Ebi Dari, que citent les confrères du Jour, la libération des otages de l’entreprise Bourbon doit être considérée comme un échange de prisonniers et non comme un accord entre les gouvernements camerounais et les BFF. Les BFF auraient remis les 10 otages sains et saufs contre 13 de leurs membres arrêtés lors des attaques. Pour autant, la libération des otages, à en croire certaines sources, n’est pas la preuve que la paix va revenir à Bakassi. Cependant, les BFF disent vouloir un dialogue franc avec Yaoundé.

Vers un retour au calme dans la région de Bakassi ?

Le président camerounais, Paul Biya, a donc reçu les otages et, dans son allocution de circonstance, a tenu à rappeler combien l’épreuve des otages a été pénible pour tous les pays concernés et les familles des victimes. Il a félicité les otages pour leur courage et leur sang froid. « Nous sommes heureux, réellement heureux de vous retrouver tous, sains et saufs », leur a-t-il déclaré. Il a également profité pour adresser ses vives félicitations aux forces d’armée camerounaises : « Nous comptons sur elles pour redoubler de vigilance dans toutes ces zones sensibles afin d’y préserver la paix et la sécurité si nécessaires, à la vie des populations, à la mise en valeur de nos ressources, à l’attrait des investisseurs et au développement ».

Paul Biya a lancé un appel aux pays amis, surtout la France, « afin de jeter les bases d’une coopération mutuellement bénéfique qui permette de mieux sécuriser l’ensemble du Golfe de Guinée. » Pour ce qui concerne le Cameroun, la promesse a été faite par Paul Biya, que tout sera mis en œuvre en vue de renforcer la sécurité dans la zone de Bakassi et dans les zones maritimes où la sécurité semble menacée car, dit-il, « le Cameroun est un pays stable, un pays de paix et de démocratie, un état de droit. Il entend le demeurer ».

Liste des otages :

Fabien Tallec, commandant, Français

Pascal Le Costocc, chef mécanicien, Français

Julien Meheust, second capitaine, Français

Sarr N’gagne, second mécanicien, Franco-sénégalais

Florentin Coulais, lieutenant machine, Français

Thomas Poas, lieutenant machine, Français

Anthony Charlay, lieutenant pont, Français

Faustin Boyomo Along, matelot, Camerounais

Yassine Tarchoum, élève pont, Tunisien

Séphirin Bigodi, Cuisinier, Camerounais

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