Cameroun : les femmes sont les premières victimes en temps de conflit


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Généralement, elles ne déclenchent pas la guerre, mais elles souffrent beaucoup de ses conséquences. La violence subie par les femmes en temps de guerre est la manifestation extrême de la discrimination et des abus dont elles sont victimes en temps de paix, ainsi que des rapports de force inégaux existant entre hommes et femmes dans la plupart des sociétés.

En temps de paix, ces phénomènes conduisent à l’acceptation généralisée de la violence domestique, du viol et des autres sévices sexuels infligés aux femmes. Lorsque les tensions politiques et la montée du militarisme débouchent sur un conflit déclaré, certaines attitudes ou abus répandus prennent une autre dimension et se systématisent. Toutes les formes de violence s’intensifient alors et les femmes risquent particulièrement les violations de leurs droits humains, et subissent des violences de toutes sortes : privations, tortures, viols, prostitution, exil…

Les conflits favorisent des taux de violence sexuelle nettement plus élevés qu’à l’accoutumée. Ils exposent sérieusement les femmes à la pauvreté, à la perte de leur emploi et à la destruction de leurs biens tels que leur maison. Dans les pays en guerre ou sortant d’un conflit, les services sanitaires essentiels s’effondrent et le taux de mortalité maternelle est 2,5 fois plus élevé qu’en moyenne.

Bien souvent, leur seul recours consiste à fuir, que ce soit dans leur pays ou à l’étranger. D’après l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, les femmes représentent 49% des réfugiés de par le monde, essentiellement en raison de conflits, et elles souffrent souvent plus que les hommes lorsqu’elles sont confrontées à une telle situation, du fait de leur genre.

En 2000, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté la résolution historique 1325 (2000) sur les femmes, la paix et la sécurité. Celle-ci reconnaît que la guerre a des conséquences différentes pour les femmes et réaffirme la nécessité de renforcer leurs rôles dans la prise de décisions relatives à la prévention et à la résolution des conflits. Des progrès sont en cours : en 2013, plus de la moitié de tous les accords de paix conclus faisaient référence aux femmes, à la paix et à la sécurité. Mais le rythme du changement reste trop lent. Sur la période allant de 1992 à 2011, les femmes ne représentaient que moins de 04% des signataires des accords de paix conclus et moins de 10% des négociateurs lors des pourparlers de paix.

La Déclaration et le Programme d’action de Beijing, adoptés en 1995 par 189 États membres, ont fait des femmes dans les conflits armés l’un des 12 domaines de préoccupation. Ils indiquent sans équivoque que la paix est inextricablement liée à l’égalité entre femmes et hommes et au développement.

Le Programme d’action énonce une série de mesures essentielles pour faire progresser à la fois la paix et l’égalité par la réduction des dépenses militaires et le contrôle de la disponibilité de l’armement. Il affirme que les femmes doivent participer à la prise de décisions relatives à la résolution des conflits, et il reconnaît que les femmes sont de puissants moteurs des mouvements en faveur de la paix. Il insiste à ce que celles qui ont fui un conflit soient autorisées à participer à tous les aspects des programmes afin de les aider à se remettre et à reconstruire leur vie.

Depuis lors, des combats acharnés font rage dans certaines régions du monde, qui font régresser le développement et les acquis des femmes de plusieurs dizaines d’années. La plupart des engagements de Beijing n’ont pas été tenus, alors même que l’urgence de les tenir est plus évidente que jamais.

La prise en compte des droits fondamentaux des femmes et la nécessaire implication de ces dernières pose un double défi. D’abord relever la sexospécificité dans la résolution des conflits et ensuite démontrer que les impacts sont différentiables pour les femmes suivant les différentes législations nationales au stade de la consolidation de la paix qui concerne la gouvernance, la démocratisation et les droits des personnes.

Au regard de certaines lois nationales, les femmes rencontrent des embûches au plan juridique qui ne font qu’accentuer la féminisation de la pauvreté, leur exclusion des sphères du pouvoir politique et économique, ainsi que le sentiment d’insécurité après l’instauration de la paix. D’où les lacunes et les contradictions observées lors de la résolution des conflits dans certains pays africains.

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