Cameroun : la librairie du « poteau » nourrit-elle son homme ?


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Ces échoppes improvisées de vente de livres de seconde main et des livres neufs issus de la librairie, communément appelées « librairies du poteau », attirent de plus en plus les Camerounais de tous sexes et d’âges.

La librairie du « poteau », autrefois une activité réservée à une catégorie de personnes moins considérées dans la société (débrouillards), a fini, par les temps durs que traversent les pays africains en général, y compris le Cameroun, à prendre de l’ampleur. C’est ainsi que de nos jours, les jeunes qu’ils soient diplômés ou non, s’y sont lancés « mains et pieds » liés et chacun, selon les déclarations, y trouve son compte. Ils disent tous ne pas être prêts à l’abandonner.

« Agé aujourd’hui de 52 ans et diplômé, j’exerce cette activité depuis déjà 13 ans. Pendant que je fréquentais l’école, je n’avais jamais connu les stages de vacances dans une entreprise, pour la simple raison que j’aidais mon cousin qui était vendeur de livres du « poteau » dans la ville de Douala. La façon dont il menait cette activité et s’occupait de sa petite famille, m’avait tellement marqué, de telle sorte que j’ai eu l’idée de me lancer dans cette activité », a confié Alain Damo, libraire du « poteau ».

« Quelques années après, avec un petit capital et bénéficiant de ses conseils, j’ai trouvé un emplacement et je me suis installé à mon propre compte. Je puis dire qu’au jour d’aujourd’hui, je me sens à l’aise, car, pour se procurer un bon roman, un bon livre de classe ou tout autre ouvrage, que vous soyez riche ou pauvre, vous avez besoin de nous. Et en plus, cette activité se pratique à tout moment de l’année, mais surtout pendant les rentrées scolaires », déclare Alain Damo, pour ainsi dire qu’il s’en tire bien.

« La rentrée scolaire, c’est notre temps de « vache grasse ». Nous saisissons cette heureuse opportunité pour organiser des bourses du livre, lesquelles consistent à échanger ses anciens manuels scolaires contre ceux nécessaires pour l’année à venir. Et suivant l’état du livre que l’acheteur propose en échange du livre qu’il désire, le vendeur fixe le prix. C’est vraiment un moyen très économique d’obtenir des livres scolaires. Dans les librairies du « poteau », les livres sont à la portée de toutes les bourses », conclut-il.

Si quelques vendeurs de livres font construire des étagères pour installer les fournitures scolaires qu’ils mettent en vente, d’autres par contre, pour éviter les contrôles de toutes sortes, optent plutôt pour la vente ambulante, usant par exemple de brouettes. Une autre catégorie de vendeurs préfère garder les livres à la maison. Ils  interpellent les clients en chemin et si ceux-ci sont intéressés, ils les conduisent à l’endroit où se trouvent les livres pour conclure leur affaire.

La conjoncture économique qui a mis la quasi-totalité de la population à genoux oblige celle-ci à adopter de nouvelles habitudes, telles que faire les achats dans les librairies du « poteau », qui disposent des mêmes manuels que ceux se trouvant dans les librairies classiques. A la différence que la librairie du « poteau », outre le fait de proposer des prix très abordables, accepte aussi le troc. Et de cette façon, c’est un commerce gagnant-gagnant avec le client qui paye moins cher, ses livres sans empêcher au « libraire du poteau » de se frotter les mains.

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