Cameroun : bataille pour la compétitivité


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Comme beaucoup de pays africains ayant obtenu leur indépendance dans les années 1960, le Cameroun a régressé au cours des deux dernières décennies et pourrait devenir un État en faillite. Le gouvernement du Cameroun aurait identifié la corruption et la mauvaise gestion des actifs de l’État comme principaux facteurs empêchant l’économie de croître au taux tant espéré de 4,5%.

Le rapport 2010 sur la liberté économique dans le monde pointe un ensemble plus large de facteurs, les plus importants étant : les taux marginaux d’imposition extrêmement élevés, les restrictions sur la détention de devises, les restrictions sur les transactions de capitaux étrangers, une faible intégrité du système juridique, une indépendance judiciaire limitée, un faible niveau d’exécution des contrats, des investissements et une liberté d’entreprise limités, une taille limitée du secteur du commerce par rapport à son potentiel, et une prédominance de la corruption. Dans tous ces domaines le Cameroun a atteint un score faible (50% ou moins).

Sur plus d’une décennie, les analyses contenues dans les rapports EFW fournissent amplement la preuve qu’il existe une étroite corrélation entre liberté économique et croissance. Le Cameroun, par exemple, jouit d’une liberté économique plus faible aujourd’hui qu’en 1990. Son classement a reculé de 53ème à 119ème sur les 141 pays étudiés.

Les privatisations ne suffisent pas pour entraîner une croissance durable si d’autres variables microéconomiques ne sont pas présentes. En raison de la récente tourmente financière mondiale, le Cameroun est aux prises avec une réduction des exportations, et a de la difficulté à obtenir du financement pour des projets d’investissement. En réponse à un déficit budgétaire potentiel, le gouvernement a essayé d’améliorer la transparence tout en développant des sources de revenu non pétrolières.

La recherche montre que la plupart des États pourraient exercer leurs fonctions de base, y compris la redistribution, avec moins d’argent en proportion du PIB qu’ils ne sont enclins à en dépenser aujourd’hui. Les dépenses publiques relativement élevées peuvent être justifiées par la nécessité de réduire la pauvreté parmi les plus miséreux. Cependant, quand on regarde les problèmes causés par le nombre croissant de jeunes analphabètes et chômeurs impliqués dans des escroqueries et d’autres délits, nous devons conclure que certaines dépenses pourraient être mieux utilisées pour réduire le chômage des jeunes et la criminalité au Cameroun.

Peut-être contraint par les exigences du FMI, le gouvernement du Cameroun semble, enfin, avoir reconnu, dans une certaine mesure que c’est le secteur privé qui crée de la croissance économique. Toutefois, cette reconnaissance doit se traduire en action positive, laquelle ne se produira pas si la liberté globale pour créer et exploiter une entreprise continue d’être sérieusement limitée par le cadre réglementaire. Comparativement à la moyenne mondiale de 18 procédures, l’obtention d’une licence au Cameroun en nécessite 15, mais il faut beaucoup plus de temps que la moyenne mondiale de 218 jours. Les procédures de faillite restent lourdes et coûteuses. C’est sans doute pourquoi le pays a obtenu seulement un score de 37,2% sur cet indicateur.

Le secteur privé du Cameroun estime qu’il est constamment pénalisé par de nouvelles législations et réglementations. Traquer des gens qui ne veulent rien de plus que d’être en mesure de se concentrer sur l’exploitation efficace de leurs entreprises n’est pas la solution pour atteindre la croissance économique. Les réalisations du secteur privé, en dépit du fardeau qu’ont lui impose, sont remarquables.

Au Cameroun, la corruption est perçue comme généralisée. Les tribunaux et les agences gouvernementales sont accusés de corruption. Des rapports sur des arrestations arbitraires, des détenus battus, des perquisitions illégales et la confiscation de la propriété privée continuent d’être monnaie courante. Les marques et les droits d’auteur sont régulièrement bafoués, et le piratage de logiciels est très répandu. Le Cameroun est classé 96ème sur 115 pays dans l’indice international des droits de propriété 2009, et 141ème sur 179 pays selon l’indice de Transparency International pour la perception de la corruption 2008.

La fiscalité et la réglementation, y compris le contrôle des prix, sont des éléments qui nécessitent une attention particulière. Le Cameroun a des taux d’imposition élevés. Le taux d’impôt sur le revenu le plus élevé est de 35 %, et le taux d’imposition des sociétés le plus élevé est de 38,5 %. Les autres impôts comprennent la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), l’impôt sur les transferts sur les entreprises vendues, la taxe foncière et les droits de succession. Mais en 2009, les recettes fiscales globales en pourcentage du PIB ne représentaient que 10,8 %.

S’il y avait des taux d’impôts moins élevés, de l’argent à réinvestir resterait à la disposition des personnes les plus productives de l’économie et les inciterait à être encore plus productives. Tout le monde en profiterait, non seulement les consommateurs et les personnes supposées occuper les nouveaux emplois qui seraient créés, mais aussi le fisc, qui collecterait davantage de revenus fiscaux à des taux bas mais sur d’une base plus large.

Il est encourageant que le gouvernement du Cameroun ait évolué dans la bonne direction dans des domaines tels que la réglementation du marché du travail, l’accès à une monnaie saine, et la taille du gouvernement où il a reçu une cote de 6.59, 7.02, et 7.12, respectivement, sur une échelle de 10. Hélas, dans de nombreux autres domaines, le gouvernement va dans la mauvaise direction. Que de temps et d’énergie économisés si les responsables politiques prenaient note des succès obtenus par les pays les plus libres économiquement dans le monde et utilisaient cette connaissance et cette expérience au profit de tous les Camerounais. Ce serait le moyen le plus sûr d’atteindre une croissance forte et une nation compétitive.

Par Vivian Atud

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