
Dix ans après le décret présidentiel de 2015, le Cameroun va finalement réaliser son 4e recensement général de la population et de l’habitat couplé à l’agriculture et à l’élevage en début d’année 2026. Le budget a été drastiquement revu à la baisse, passant de 64 à 13,3 milliards de FCFA, suscitant des interrogations sur la qualité de cette opération cruciale.
Après dix ans de retard, le Cameroun va réaliser son 4e recensement général de la population et de l’habitat, initialement prévu en 2025. Cette opération, couplée à l’agriculture et à l’élevage, se déroulera finalement en 2026, plus de 10 ans après le Décret l’ayant décidé.
En 2026, le recensement général va enfin voir le jour. Si des doutes pesaient sur sa faisabilité en raison du contexte sécuritaire et des difficultés de financement, c’est finalement un budget cinq fois revu à la baisse – à savoir 13,3 milliards de FCFA – qui sera alloué au recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) et au recensement général de l’agriculture et de l’élevage (RGAE).
Cette information a été annoncée par le ministre délégué auprès du ministre de l’Économie, Paul Tassong, le 12 août 2025 lors d’une réunion présidée par le Premier ministre à Yaoundé.
Un financement mixte Banque mondiale-État camerounais
Ces opérations seront financées par le projet d’harmonisation des informations statistiques en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, soutenu par la Banque mondiale à hauteur de 7 milliards de FCFA, mais également par l’État du Cameroun à hauteur de 6,3 milliards prélevés dans son budget de l’exercice en cours.
« S’agissant de la mobilisation des fonds, tout est bouclé, les besoins sont connus, les sources de financement ont été identifiées. Il est juste question de procéder au décaissement. Le recensement, le dénombrement devrait avoir lieu en début d’année 2026 », a assuré le ministre Paul Tassong.
Des enjeux politiques majeurs autour du calendrier
Le 4e recensement ainsi prévu pour le début d’année 2026 arrive dix ans après le décret présidentiel du 15 septembre 2015 et après des réclamations des partis d’opposition. Ces derniers auraient souhaité que ce recensement se fasse avant l’élection présidentielle du 12 octobre 2025 et celles des législatives et municipales en attente de programmation.
Pourtant, en mars 2023, le coordonnateur du 4e recensement, André Mbairano Dji, avait assuré le début des opérations entre novembre et décembre de cette année-là. Cette annonce avait poussé le Bureau central des recensements et des études de population (BUCREP) à annoncer le recrutement de plus de 30 000 agents recenseurs pour cette opération.
Le Cameroun a effectué jusqu’à présent trois recensements généraux de la population et de l’habitat : en 1976, 1987 et 2005. Cet écart de vingt ans pousse l’opposition, depuis 2018, à réclamer ce 4e recensement, scandant que le parti au pouvoir faisait voter des morts. Selon elle, le fichier électoral obsolète et le manque de données fiables sur la population camerounaise faussaient les résultats et la connaissance du terrain pour les acteurs politiques nationaux et internationaux.
Le recensement, qui arrivera après l’élection présidentielle et qui coûtera cinq fois moins que le budget prévisionnel de 64 milliards annoncé le 28 mars 2024, permettra d’avoir une meilleure connaissance de la population, de sa répartition géographique, de ses conditions de vie et de ses besoins. Il permettra aussi de faire des projections concernant les politiques de développement. La question est juste de savoir si avec ce budget drastiquelent revu à la baisse, les résultats seront fiables