
Le jeudi 5 juin, plus de six millions d’électeurs burundais étaient convoqués pour élire leurs députés et conseillers communaux. Un double scrutin organisé dans un climat de calme apparent, mais marqué par une absence criante de suspense électoral. À l’aube, de longues files d’attente s’étiraient devant les plus de 14 000 bureaux de vote à travers le pays.
Une mobilisation massive, habituelle dans ce pays où la majorité de la population est rurale, mais également alimentée par des pressions locales, notamment de la part des jeunes Imbonerakure, militants du parti au pouvoir.
Un scrutin verrouillé, sans véritable opposition
Depuis vingt ans, le CNDD-FDD domine la scène politique burundaise sans partage. Cette fois encore, le parti du président Évariste Ndayishimiye se présente sans véritable adversaire. Le principal opposant, Agathon Rwasa, leader du Conseil national pour la liberté (CNL), a été empêché de participer. Il a dénoncé des manœuvres politiques orchestrées pour neutraliser toute alternative crédible. Quelques petits partis et candidats indépendants figurent sur les listes, mais ils ne semblent pas en mesure d’inquiéter la majorité sortante.
Pressions locales et campagne sans débat
Dans de nombreuses localités, des témoignages font état de méthodes coercitives destinées à pousser les citoyens vers les urnes. Tambours, sifflets, réveils forcés à l’aube : les jeunes du CNDD-FDD n’ont pas ménagé leurs efforts pour assurer une participation visible. Pourtant, derrière cette mobilisation se cache un manque de véritable débat démocratique. Les électeurs n’ont pas été appelés à choisir entre des visions divergentes ou des programmes solides, mais plutôt à confirmer un statu quo politique bien établi.
Une démocratie en trompe-l’œil sous contrôle militaire
Depuis l’arrivée au pouvoir d’Évariste Ndayishimiye en 2020, après le décès de Pierre Nkurunziza, le régime affiche des signes ambigus : quelques gestes d’ouverture, vite rattrapés par le maintien d’un système verrouillé, dominé en coulisses par des généraux influents. Les atteintes aux droits humains continuent d’être dénoncées par les ONG et les Nations unies. Dans ce contexte, le scrutin du 5 juin s’apparente davantage à une formalité institutionnelle qu’à un exercice démocratique authentique.
Un pays en crise, mais un pouvoir toujours fort
Malgré une situation économique difficile, marquée par des pénuries de carburant, de devises et de médicaments, ainsi qu’une inflation galopante, le CNDD-FDD ne semble guère inquiété. Le boulevard électoral lui est ouvert, sans résistance. Et tandis que la population fait face aux urgences du quotidien, le régime consolide encore un peu plus son pouvoir sur un pays dont les aspirations démocratiques restent, pour l’instant, étouffées.