Burkina Faso : une nouvelle loi criminalise l’homosexualité


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Ibrahim Traoré, président du Burkina Faso
Ibrahim Traoré, président du Burkina Faso

Au Burkina Faso, l’Assemblée législative de transition a adopté à l’unanimité une loi qui criminalise explicitement les relations homosexuelles. Désormais passibles de deux à cinq ans de prison, elles peuvent aussi valoir une amende et une expulsion pour les étrangers. Présentée comme une défense des « valeurs traditionnelles », cette réforme illustre la mainmise de la junte d’Ibrahim Traoré et alimente les inquiétudes des défenseurs des droits humains.

Pour la première fois, une loi criminalise explicitement les relations homosexuelles au Burkina Faso, les rendant passibles de deux à cinq ans de prison. Votée à l’unanimité par l’Assemblée législative de transition, dominée par la junte au pouvoir, cette réforme marque un durcissement du cadre juridique et alimente un débat sensible sur les libertés individuelles dans le pays.

Une loi votée à l’unanimité

Le ministre de la Justice, Edasso Rodrigue Bayala, a annoncé que la nouvelle loi prévoit des peines d’amende en plus de l’emprisonnement. Pour les étrangers, l’expulsion sera systématique. Cette disposition s’inscrit dans le cadre d’un nouveau code des personnes et de la famille, qui comprend également d’autres réformes telles que la reconnaissance légale des mariages religieux et coutumiers, ou encore le durcissement des conditions d’acquisition de la nationalité par mariage.

Adoptée par les 71 membres de l’Assemblée législative de transition, cette mesure illustre la mainmise de la junte dirigée par le capitaine Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir par un coup d’État en septembre 2022. Âgé de 37 ans, il mène depuis une politique souverainiste et affiche une hostilité assumée vis-à-vis de certaines « valeurs occidentales ».

Une tendance régionale

Le Burkina Faso rejoint ainsi une trentaine de pays africains qui interdisent et sanctionnent pénalement les relations entre personnes du même sexe. Dans certains États, comme la Tanzanie, la Sierra Leone ou la Gambie, les peines peuvent aller jusqu’à la perpétuité. Le Nigeria et le Malawi prévoient quant à eux jusqu’à quatorze ans de prison.

Le Mali voisin, également dirigé par une junte militaire, avait adopté en novembre 2024 une loi similaire. Cette convergence témoigne d’une tendance régionale à renforcer les législations répressives à l’égard des minorités sexuelles.

Un climat social déjà marqué par la censure

La loi s’inscrit dans un contexte où la liberté d’expression et les droits des minorités sont de plus en plus restreints. En août 2023, le Conseil supérieur de la communication avait déjà interdit la diffusion de chaînes de télévision accusées de « promouvoir l’homosexualité ». Désormais, la pénalisation des pratiques homosexuelles confirme la volonté des autorités de durcir le contrôle social et moral.

Si le gouvernement justifie cette loi par la défense des « valeurs traditionnelles », elle suscite déjà des inquiétudes parmi les défenseurs des droits humains. Ces derniers redoutent une recrudescence des discriminations, des violences et des poursuites arbitraires à l’encontre des personnes LGBT, contraintes de vivre dans la clandestinité.

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