Burkina Faso : le poumon économique de la capitale revit


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Six ans après sa fermeture suite à un incendie ravageur, Rood Woko, le marché central de Ouagadougou, a rouvert ses portes jeudi. Plus rien ne sera comme avant, promettent autorités municipales et responsables des commerçants, décidés à ne plus jouer avec le feu. Mais les nouvelles mesures ne sont pas du goût de tous et font déjà grincer des dents.

Notre correspondant au Burkina Faso

« Je n’en crois pas mes yeux, Rood Woko a enfin rouvert ! », s’extasie tout ému, Jean Pierre Convolbo, un commerçant, venu ce jeudi matin, comme des centaines d’autres, assister à la cérémonie officielle d’ouverture du plus grand centre commercial de la capitale burkinabè, ravagé six ans plus tôt par un incendie. Tous voulaient être témoins de ce qui ne ressemblait plus qu’à un serpent de mer, tant les annonces avortées de la réouverture de ce marché ont été nombreuses. Les travaux de réhabilitation et de rénovation, entamés depuis Juin 2006, ont coûté la somme de 3,5 milliards de francs Cfa soit plus de 5 millions d’euro. L’infrastructure marchande ainsi relookée compte plus de 3 072 boutiques et étals dont plus de 2666 ont été déjà attribués. A cela s’ajoute l’aménagement des alentours du marché, notamment le pavage des voies.

Ne plus jouer avec le feu

Critiquées à l’époque des faits pour leur laxisme et leur connivence avec les marchands anarchistes, les autorités assurent que plus rien ne sera comme avant. Soutenues en cela par l’Agence Française de Développement, principal bailleur de cette rénovation, elles ont décidé une batterie de mesures sécuritaires sévères. Finies les installations anarchiques d’électricité, (ndlr : à l’origine de l’incendie de 2003.)

Pour éviter le surpeuplement de Rood Woko, 5 marchés secondaires ont été aménagés dans les périphéries de la capitale. Quant aux marchands ambulants qui, jadis, squattaient les allées et les pourtours du marché, ils devront désormais aller voir ailleurs. Du reste, les alentours du marché ont été déclarés zone piétonne. Une cinquantaine de policiers municipaux veillent au strict respect de la mesure. En outre, une unité de sapeurs pompiers a été logée au sein du marché, où, des bâches à eau de grande capacité, des colonnes d’eau et des bouches à incendies ainsi que des alarmes ont également été installées.

La gestion concertée du marché

Pour la mise en pratique de ces mesures, les autorités municipales parient sur une gestion participative du marché. Elle consiste à impliquer les commerçants dans la protection de Rood Woko. De concert avec les syndicats des commerçants, la commune a initié des séances de sensibilisation en direction des marchands. Le message est clair : la gestion responsable du marché leur incombe au premier chef. Signe de cette gestion concertée, la formation à venir des commerçants à la lutte contre les différentes formes d’incendie. Et pour la répartition des 406 boutiques restantes, Simon Compaoré, l’édile de Ouagadougou, a confié la tâche à 13 associations de commerçants.

Cependant, ces dispositions ne sont pas du goût de tous. Déjà, la grogne s’élève au niveau des commerçants installés sur tout le pourtour du marché. Le mercredi 15 avril 2009, à la veille de la réouverture du marché, un incident les a opposés aux agents de la police municipale qui tentaient de dégager les entrées du marché. Criant à la trahison, ils promettent un sort funeste à ces mesures de l’autorité communale et disent attendre le maire aux prochaines élections. En attendant, les usagers de Rood Woko ne savent où stationner désormais, aucun parking n’ayant été prévu dans le plan d’aménagement du marché…

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