Burkina Faso : épidémie de méningite


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Plus de 6 000 cas suspects de méningite ont été enregistrés depuis le début de l’année au Burkina Faso. Quelque 600 personnes sont déjà mortes dans une épidémie qui touche également six autres pays du continent. Une campagne de vaccination est en cours pour endiguer la maladie, mais le petit Etat, le plus frappé de tous, manque de doses.

La méningite frappe fort le Burkina Faso. Ce pays ouest-africain, qui a confirmé lundi son premier cas animal de grippe aviaire, fait partie des sept pays (la Côte d’Ivoire, le Kenya, le Mali, le Niger, le Soudan et l’Ouganda) du continent où la maladie sévit. Une maladie mortelle et contagieuse qui provoque une inflammation des membranes entourant le cerveau et la moelle épinière. Situé sur la « ceinture de la méningite », qui coure du Sénégal à l’Ethiopie, le « Pays des hommes intègres » est le plus touché par la bactérie Neisseria meningitidis, comptant à lui seul plus de la moitié des malades.

Tous les cas déclarés ne sont pas dûs à la méningite

Le ministre de la Santé, Bedouma Alain Yoda, a récemment indiqué que, à la date du 26 mars, le nombre de morts était de 784 depuis le début de l’année, contre 432 en 2005 à la même période. Les infections ont également été plus importantes que l’an passé : 8 186 cas suspects contre 1 951, selon les chiffres basés sur les douze premières semaines de 2005 et 2006. « Il est difficile de dire que tous les décès sont dûs à la méningite, car on ne peut pas toujours faire de prélèvements. Il y a donc peut-être autre chose que cette maladie, même si elle compte pour la majorité des décès, mais on comptabilise la méningite systématiquement pour éviter de perdre les gens : si on traite un paludisme avec des médicaments pour la méningite, ça va parce qu’on peut rattraper après. Mais on ne peut pas faire l’inverse, car la méningite tue beaucoup et très rapidement », indique Sosthène Zombré, directeur général de la santé au ministère de la Santé.

Un système qui explique, en partie, pourquoi le pays est celui qui compte le plus de cas. « Nous avons un système de surveillance épidémiologique et une définition des cas très sensible, donc nous répertorions sans doute trop de cas. Par exemple, sur 1 389 cas sensés souffrir de méningite, on a examiné le liquide céphalorachidien et 623 personnes étaient vraiment malades. Mais nous tenons à rester prudents. Notre position géographique favorise aussi la propagation. Nous sommes au centre de la ceinture de méningite et nous sommes à un carrefour de l’Afrique de l’Ouest. Tout le monde passe par ici, ce qui nous fait nous demander pourquoi le Niger, le Mali ou la Côte d’Ivoire ne sont pas touchés autant que nous. Mais nous nous concentrons sur nous », poursuit le directeur général de la santé.

L’épidémie est aussi favorisée par le vent chaud et sec de l’Harmattan qui propage le germe infectieux. « Je dirais que l’Harmattan a beaucoup joué, c’est l’émetteur principal de la maladie », commente René Segbo, directeur de la communication et de la presse ministérielle au ministère de la Santé. « Le vent sec entraîne une circulation des germes, qui se retrouvent dans les muqueuses oropharyngiennes irritées et touchent les enveloppes méningées », précise Sosthène Zombré, directeur général de la santé au ministère de la Santé.

Le traitement précoce a permis moins de décès

Mais, selon les experts, la prise en charge a été meilleure, ce qui expliquerait que le taux de mortalité ait baissé de 22,1% à environ 9%. « Nous nous sommes arrangés cette année pour garder le taux de mortalité en dessous de 10% en traitant systématiquement chaque cas suspect de méningite », a expliqué vendredi Sosthène Zombré. « Nous avons un stock de médicaments dans les zones à risque pour prévenir. Lorsqu’un cas ou deux de méningocoque A est avéré, nous vaccinons tout le onde », précise René Segbo.

Sur les 55 districts du territoire, 34 sont concernés, sachant que si un district est en alerte (5 cas pour 100 000 habitants) et qu’un autre à côté est atteint par l’épidémie (1 cas pour 10 000 habitants) on considère comme épidémique celui qui est en alerte. Les campagnes de vaccination réactives ont commencé dans les districts épidémiques, particulièrement concentrés dans le Sud-Ouest. « Au tout début de l’épidémie, nous avons commandé un million de doses et ensuite 3,4 millions », raconte Sosthène Zombré. Une initiative menée avec l’aide de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la Croix-Rouge, l’Unicef, l’Office humanitaire de la Commission européenne ou Médecins sans Frontières. Problème : les vaccins sont presque épuisés. Les autorités ont donc fait une requête auprès du Groupe international de coordination pour l’approvisionnement en vaccin antiméningococcique, qui devrait fournir 1 800 000 doses de vaccins. Mais elles regrettent que cet organisme ne fournisse les doses que lorsqu’il y a épidémie.

Le Burkina est en proie à la maladie alors que son Président, Blaise Compaoré, vient d’accepter d’être nommé parrain d’une initiative de l’OMS destinée à trouver un nouveau vaccin plus efficace contre la maladie. L’homme fort du pays fera également de la prévention dans les autres pays pour qu’ils participent au succès de ce projet.

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