
L’incendie dévastateur survenu à Bukavu, dans le quartier de Cimpunda, en République Démocratique du Congo, a détruit près de 1 000 habitations et laissé plus de 1 800 ménages sans toit. Ce sinistre souligne la vulnérabilité des habitants des quartiers populaires de la ville. Entre urbanisation chaotique, pauvreté endémique et absence de mesures de prévention, les incendies deviennent récurrents, frappant durement une population laissée pour compte.
La ville de Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, a de nouveau été le théâtre d’un drame déchirant. Un incendie dévastateur a ravagé le quartier populaire de Cimpunda, situé dans la commune de Kadutu. Le bilan provisoire est lourd : environ 1 000 habitations réduites en cendres, près de 1 800 ménages sans abri, au moins deux morts et plusieurs blessés. Ce sinistre, qui survient à la veille de la rentrée scolaire, illustre à la fois la vulnérabilité des populations urbaines et l’absence criante de mesures de prévention et d’assistance en cas de catastrophe.
Les habitations consumées par les flammes étaient, pour la plupart, construites en planches et matériaux précaires, caractéristiques des quartiers populaires densément peuplés de Bukavu. Dans ces zones, les familles vivent entassées, souvent sans accès à l’eau courante, à l’électricité sécurisée ni à des infrastructures publiques de qualité.
L’éternel retour des flammes : une crise devenue chronique
Pour Maître Maurice Mirindi, rapporteur adjoint du bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu, la situation est dramatique : « Nous avons compté deux morts, trois blessés, près de 1 800 ménages sans abri. Pour le moment, la population dort à la belle étoile. » Une telle catastrophe à quelques jours de la rentrée scolaire est d’autant plus déstabilisante pour les familles sinistrées. Le peu de ressources qu’elles avaient économisé pour la scolarité des enfants est désormais perdu.
Cet incendie n’est malheureusement pas un cas isolé. La société civile de Bukavu dénonce depuis longtemps la fréquence alarmante des incendies dans la ville. « Toutes les deux semaines, on enregistre au moins cinq incendies à Bukavu », affirme encore Maurice Mirindi. Cette statistique, effrayante, illustre l’ampleur du problème. Les causes de ces incendies sont multiples : connexions électriques anarchiques, utilisation de bougies ou de braseros dans des habitations en bois, surpopulation, étroitesse des ruelles empêchant l’intervention rapide des secours…
Un manque criant de préparation et de réponse
Le tout sur fond d’urbanisation non planifiée, de pauvreté endémique et d’absence de politique de prévention des risques. Malgré la fréquence des incendies, Bukavu ne semble pas bénéficier d’un système de gestion des catastrophes digne de ce nom. Aucune politique publique efficace n’est mise en œuvre pour prévenir les sinistres, ni pour venir en aide aux victimes. Les pompiers, quand ils existent, sont souvent dépourvus de moyens adéquats : manque de véhicules adaptés, absence d’accès rapide aux quartiers enclavés, pénurie d’eau, coordination défaillante.
Pire encore, les populations sinistrées sont très souvent abandonnées à elles-mêmes après les drames. La solidarité communautaire et les rares aides humanitaires sont les seules réponses immédiates disponibles. « Le feu a ramené tout à zéro », déplore un habitant. C’est toute une économie domestique qui est anéantie en quelques minutes, sans perspective de relogement ni de reconstruction rapide.
Les autorités appelées à agir enfin
Face à cette tragédie, la société civile lance un appel pressant aux autorités congolaises et aux organisations humanitaires : il faut intervenir d’urgence. La réponse ne doit pas se limiter à une aide ponctuelle, mais prendre la forme d’une véritable politique de gestion des risques en milieu urbain. La répétition des incendies révèle une problématique bien plus large : celle de la gestion urbaine en RDC.
Bukavu, comme d’autres grandes villes congolaises, souffre d’une urbanisation incontrôlée, poussée par l’exode rural, la croissance démographique et le manque de politiques publiques adéquates. Les quartiers comme Cimpunda sont devenus des zones de non-droit urbain, où l’État est absent, et où les règles élémentaires de sécurité ne peuvent être appliquées.