Brou Aka Pascal limogé de la direction de la RTI : « le complot de la Maison Bleue »


Lecture 4 min.
arton23402

Le limogeage de Brou Aka continue de défrayer la chronique. Dans les milieux concernés, on «tique» sur les raisons officielles. Maintenant, on en sait un peu plus, pour affirmer que l’ex-DG a été victime d’un complot !

Par Franck-Harding M’Bra

«Cette décision (de limogeage, ndlr)
est la conséquence de graves dysfonctionnements
observés dans la
gestion quotidienne de la RTI. Ces dysfonctionnements
ont atteint leur paroxysme le
samedi 30 juillet. En effet, la Direction générale
de la RTI n’a dépêché aucune équipe de
reportage pour assurer la couverture du
retour du Président de la République de
sa visite aux Etats-Unis d’Amérique…»,
indiquait le communiqué rendu public
dimanche en soirée par le ministère de la
Communication, dirigé par Souleymane Coty
Diakité, pour situer l’opinion sur les raisons
du limogeage de Brou Aka Pascal. Nombreux
sont les Ivoiriens qui n’ont pas du tout pris
cette version au sérieux, pensant fortement
qu’avec ce dégommage subit, il y avait
anguille sous roche.

Ce que Brou Aka a refusé de faire

Selon nos investigations, et d’après une
source au sein de la Maison Bleue de
Cocody, cette mesure tient du complot. En
effet, Brou Aka Pascal aurait payé cash son
opposition à certaines mesures proposées
par l’entourage d’Alassane Ouattara.
Mesures auxquelles il n’aurait pas daigné
accordé de suite favorable. Brou Aka Pascal
ne se serait pas montré très chaud à intégrer
à la RTI un gros contingent des agents de TCI
(la télé pirate devenue pour un temps la télé
nationale) que lui auraient proposé des
membres influents de l’entourage de
Ouattara. Une mesure qui, si elle avait été
appliquée, aurait débouché indirectement
sur le renvoi, en douceur de certains agents
officiels de la télévision taxés de rouler pour
LMP et le Président Gbagbo. Un enrôlement récompense
en fait pour ces agents de TCI
qui ont «fait le boulot» pendant la crise
post-électorale. De façon courtoise, Brou
Aka aurait répondu que «ce n’est pas professionnellement
faisable». Un refus qui a
apporté de l’eau au moulin des «durs» du
sérail présidentiel qui le taxaient d’être un
pro-Gbagbo caché. Surtout après que Brou
Aka Pascal a gardé dans son organigramme
certains de ces «indésirables». Les «faucons
» du ouattarisme décident donc d’avoir
sa tête. Et mettent en branle leur coup sur le
voyage aux USA.

L’équipe de reportage insidieusement
trompée

Une équipe de reportage avait bel et bien été
envoyé en reportage à l’aéroport. Sauf que
celle-ci aurait été insidieusement trompée !
Le service de communication de la
Présidence, au parfum de ce qui se tramait,
aurait fait savoir au chef des reportages institutionnels,
Habiba Dembélé, qui conduisait
cette équipe, que le voyage du chef de l’Etat
était une visite privée et qu’il n’y avait pas
lieu de couvrir son arrivée. Il aurait été par
ailleurs signifié aux équipes de la télévision
que l’arrivée de Ouattara était prévu pour 14h
GMT alors qu’en réalité c’était à 9h GMT.
Suite à quoi, l’équipe de reportage est rentrée.
Ce qui explique que, c’est seulement un
cadreur qui a été envoyé en catastrophe pour
la couverture, et qui s’est du coup transformé
en journaliste, lorsque l’arrivée imminente
du chef de l’Etat a été sue. D’où la
mauvaise qualité du reportage diffusé sur
les antennes. Sinon, comment comprendre
qu’un tel voyage de haute portée politique
pour la présidence aurait pu être délibérément
boycotté par la direction générale, si ce
n’est se faire hara-kiri ?

Des collaborateurs impliqués

Le coup étant réussi, les instigateurs
n‘avaient ainsi qu’à désigner le DG de la RTI
comme principal fautif de «ce dysfonctionnement
». Ouattara, très soucieux de son
image et de la com’ qui l’entoure, ulcéré, ne
pouvait que signer le décret de limogeage
pour punir Brou Aka de ce crime de lèse-majesté.
Il a été remplacé par un intérimaire,
en la personne de son adjoint Aka Sayé
Lazare. Là où le cynisme et l’hypocrisie sont à leur
comble, c’est quand notre source fait savoir
que le DG discutait même dans la cour de la
télé avec ses adjoints, ce samedi en soirée,
alors que l’un d’entre eux avait la décision de
limogeage dans sa poche. Ce dernier aurait
attendu que Brou Aka s’en aille pour faire
passer le communiqué en bande déroulante.
Le brillant journaliste, ex-Rédacteur en chef
du JT de La Première se retrouve donc pour
l’instant sur le carreau. Désappointé en plus.
Et expérimentant, à l’instar de certains de
ses collaborateurs d’hier qui l’auront appris
à leurs dépens, les coups fourrés qui sont le
lot quotidien de la Maison Bleue de Cocody.
Et maintenant qu’il est écarté, la voie est
toute dégagée pour ces comploteurs de
l’ombre qui pourront façonner la télévision
nationale à leur manière.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News