Bouteflika seul à bord


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Abdelaziz Bouteflika
Abdelaziz Bouteflika

Le Premier ministre Ahmed Benbitour a claqué la porte du gouvernement algérien avec perte et fracas. Son remplacement par un proche collaborateur du président, Ali Benflis, augure d’un renforcement du pouvoir de Bouteflika.

Simple remaniement ou purge ? Annoncée officiellement ce week-end, la démission du chef du gouvernement algérien Ahmed Benbitour, huit mois après sa prise de fonction, marque la victoire d’un camp sur l’autre au sein du pouvoir.

La porte à peine claquée, l’ancien Premier ministre s’est largement ouvert aux colonnes de la presse nationale pour accuser le Président Bouteflika de diriger un gouvernement bis, ignorant le parlement et ses attributions constitutionnelles au profit des cadres de l’administration présidentielle appliquant les décrets de leur chef.

Abdelaziz Bouteflika qui dissimule mal sa préférence pour un régime présidentiel fort, se débarrasse ainsi d’un Premier ministre dont les divergences avec la présidence sur le dossier clé des privatisations sont notoires.

Ahmed Benbitour, nanti d’abord d’une solide réputation d’ultra libéral, avait surpris les observateurs du pays en se prononçant en faveur d’une restructuration et d’un renforcement des services publics algériens. En cela, il s’opposait au ministre de la Participation et de la coordination des réformes, Hamid Temmar, favorable à une privatisation tous azimuts.

Conflit sur fond de privatisations

Des rumeurs distillées par la presse algérienne laissent entendre que le président s’apprêterait à placer le Conseil national des participations de l’Etat (CNPE) qui a la main haute sur les holdings, leur gestion et leur stratégie de privatisation, sous la tutelle directe des services d’Hamid Temmar. Au moment même où Benbitour préparait un programme de relance de l’appareil économique, l’élaboration d’un projet d’ordonnances, par l’administration présidentielle, visant à abroger – ou neutraliser – l’ordonnance 95-25 du 25 septembre 1995, qui fixe les modalités de privatisation, a précipité la décision de l’ancien Premier ministre.

La Constitution algérienne d’aujourd’hui est parlementaire. Or, estime l’ancien chef du gouvernement, cette gestion par décret en nie l’esprit et la lettre. Pire : Benbitour accuse la présidence d’avoir personnellement choisi les membres du gouvernement, alors que la constitution ne lui accorde que le droit d’en désigner le chef et de présider le Conseil des ministres. La désignation d’un proche de la présidence, Ali Benflis, au poste de nouveau Premier ministre et les remaniements qui s’ensuivent, semblent donner raison à Benbitour. Son départ coïncide avec celui de neuf officiers supérieurs oeuvrant au sein du tout puissant ministère de la Défense. Quant on connaît l’importance de l’Armée dans l’échiquier politique algérien, nul doute que le degré de fidélité à la présidence a largement pesé sur la nomination des successeurs.

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