Bouteflika intervient dans la crise tunisienne : ingérence ou médiation ?


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Le Président algérien a reçu vendredi et samedi le président du bureau exécutif du parti tunisien Ennahda ainsi que le dirigeant de Nidaa Tounes. Selon Alger, cette médiation algérienne a pour but d’éviter une « situation catastrophique ». Mais en Tunisie, certains la voient comme une ingérence.

Le Président algérien amène son grain de sel dans la crise politique en Tunisie. Abdelaziz Bouteflika a en effet multiplié ces derniers jours les contacts avec les leaders politiques tunisiens, suite à l’échec du Dialogue national et en l’absence d’un consensus sur le nom du prochain Premier ministre tunisien. Ainsi, vendredi et samedi dernier, Bouteflika a reçu le président du bureau exécutif du parti islamiste tunisien Ennahda ainsi que le président du mouvement Nidaa Tounes. Une médiation préparée en amont par l’ambassade d’Algérie à Tunis.

Vue d’Algérie, ces entrevues accordées aux leaders d’Ennahda, Rached Ghannouchi, et du parti d’opposition Nidaa Tounes, Béji Caïd Essebsi, ont pour objectif de désamorcer une « situation catastrophique » et éviter une déstabilisation dans la région. Un homme d’affaires tunisien, proche des dirigeants d’Ennahda et de Nidaa Tounes, serait depuis quelques temps « très actif » en Algérie. S’agit-il de Nabil Karoui, le patron TV privée Nessma ? Ce dernier a ses entrées à la cours d’Alger, d’autant plus qu’il avait accompagné le dirigeant de Nidaa Tounes lors de son premier déplacement à Alger, comme l’affirme Tunisie Numérique. Car Bouteflika avait reçu une première fois Ghannouchi le 10 septembre dernier, avant d’accueillir le lendemain Essebsi.

L’implication de Bouteflika est jugée comme sa dernière action diplomatique de fin de troisième mandat. Et alors que le Président algérien affirme vouloir aider un pays frère, certains parlent d’ « intrusion algérienne ».

Une mission délicate

La diplomatie algérienne dément catégoriquement être à l’origine d’une ingérence dans les affaires internes en Tunisie. Mais rien n’y fait, une frange de la société civile tunisienne croit dur comme fer que Bouteflika a conseillé au patron d’Ennahda, lors de leur première entrevue, d’accepter le projet de Dialogue national initié par le quartet de la médiation dont fait partie la centrale syndicale UGTT. Ennahda a en effet accepté la feuille de route du quartet, mais sous les conseils de Bouteflika ? Bien qu’à ce jour, ce fameux Dialogue national est un véritable échec. La troïka au pouvoir et l’opposition tunisienne ne sont pas parvenus à s’entendre sur le nom du prochain Premier ministre.

Il se murmure même qu’Ali Larayedh ne veut pas tellement quitter son poste, contrairement à ce qu’il avait annoncé. Les engagements de Ghannouchi, à suivre la feuille de route du quartet, auraient provoqué une crise à l’intérieur même d’Ennahda. Les membres du Majliss Echoura (Conseil consultatif) d’Ennahda et des ministres radicaux, menés par Larayedh, refuseraient toutes concessions, notamment celle de remettre les clés du gouvernement.

Est-ce que cette nouvelle implication du Président algérien donnera des résultats probants ? A suivre…

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