Bourse : les autorités veulent lancer la place financière d’Alger en 2011


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Le gouvernement Ouyahia est en panne de réforme, si on exclut la lancée en 2010 du professionnalisme dans le football algérien. Il veut faire de 2011 l’année du vrai décollage de la place d’Alger autour de la réforme du marché financier qui y végète. C’est le patron de la Commission de surveillance des opérations en Bourse (COSOB) qui s’est chargé de l’annoncer la semaine dernière. C’est dire un peu si les politiques sont prêts à se mouiller sur ce chantier à l’arrêt depuis bientôt quinze ans. Le nombre des acteurs du marché pourrait augmenter sans attendre la réforme. Dans le sillage de nouvelles introductions en Bourse pressenties après le succès d’Alliance Assurance.

L’agenda 2011-2012 de la place financière d’Alger a été esquissé par Ismaïl Nourredine, le président de la commission de surveillance des opérations en Bourse (COSOB). C’est celui d’une grande réforme qui doit permettre non plus le décollage, mais quasiment « le sauvetage du marché financier » algérien. Le président de la COSOB a profité d’un évènement propice aux grandes résolutions pour décliner les ambitions des pouvoirs publics sur le sujet. Il a fait son annonce lors de la cérémonie de présentation des résultats de la levée de fonds de Alliance Assurances en vue de son introduction en Bourse. Le discours du patron de la COSOB est autant directif que revendicatif. D’abord l’action : le président de la COSOB propose dans un texte, le cadrage, de la réforme à venir du marché financier algérien. Objectif, « lancer un grand débat national » autour d’un plan de relance du marché financier. Il s’agit de donner aux acteurs actuels et futurs de ce marché un business modèle protégé par un cadre juridique et réglementaire actualisé. En réalité, le cadre actuel, datant du milieu des années 90 dans sa conception, a besoin « d’une refonte de fond en comble ». Et là arrive la tonalité incantatoire de la démarche : l’état des lieux est jugé « intenable », la place telle qu’elle existe aujourd’hui est « un obstacle » à l’émergence d’un marché financier et de nouveaux moyens de financements pour le développement des entreprises. Tout le monde en prend pour son grade. Les chefs d’entreprises qui ne jouent pas le jeu de la transparence en ne recourant pas à la place pour lever des fonds souvent pour ne pas avoir à subir les exigences de transparence ; l’Etat qui a laissé la législation en friche et qui n’a pas privatisé ses entreprises publiques en passant par la bourse. Les options de privatisation de Abdelhamid Temmar sont, sans que l’ancien ministre en charge des actifs publics ne soit cité, jugées comme une « erreur ». « Le marché secondaire est strictement illiquide, le code légal et réglementaire est inachevé, les services d’investissements nécessaires au marché sont inexistants, l’organisation et le fonctionnement actuel du marché financier manquent de consensus et de schéma directeur», a pointé en vrac le président de la Commission d’organisation et de surveillance des opérations de Bourse.

La volonté politique est là

Le débat sur une réforme du marché financier, lancé un peu à la hussarde, par le patron de la COSOB, a-t-il des chances de déboucher sur un nouveau train de mesures et sa suite d’effets : augmentation des titres cotés, du volume des transactions et de la capitalisation boursière ? La volonté politique d’y arriver serait présente. C’est encore Ismaîl Norredine qui le dit : « il s’agit d’un choix national et politique ». Les autorités veulent plus d’acteurs dans la filière, plus de cabinets conseils, plus d’intermédiaires en opération de Bourse (IOB). Un souci qui fait dire à un observateur « lorsqu’on voit le sort fait cette année à Hachemi Siagh, qui avait longtemps durant les faveurs du pouvoir pour tout emprunt obligataire des entreprises publiques ; on peut vouloir attendre et voir, avant de se lancer.. ». La réforme du marché financier, énoncée en pointillé dans le texte non publié de Ismaîl Norredine, envisage de renforcer les nouveaux compartiments de la Bourse d’Alger qui permettent à des entreprises plus jeunes et moins grandes de venir y lever des fonds. Une avancée qui peut aller jusqu’à la création ex nihilo d’entreprises par appel à l’épargne publique. « Il y a tout de même là le risque de subir un revers d’entrée et d’avoir un effet contre productif. On peut penser que dans le cas d’une opération comme Dounya Park, une levée de fonds à la Bourse d’Alger peu avoir du sens. Elle permettrait de fixer une partie des actifs en Algérie et d’en faire profiter les épargnants. Mais on ne peut pas faire de la Bourse d’Alger un marché financier pour les start up avant de l’avoir consolider avec quelques unes des belles entreprises privées qui évoluent depuis des années », prévient un analyste financier : « la bonne démarche est d’abord de diffuser avec de la bonne gouvernance avec des fonds d’investissements qui vont accompagner le management, contrôler ce qu’il fait, avant d’aller ensuite à la bourse pour donner une autre dimension à la croissance de l’entreprise ». La réforme du marché financier n’en est pas encore là. La première étape paraît toutefois portée beaucoup sur l’arrivée de nouveaux acteurs en Bourse, du côté des IOB, autant que du côté des entreprises ouvrant leur capital. « D’ici à la première séance de cotation du titre Alliance Assurance en février prochain, de nouveaux candidats à l’entrée auront émargé à la COSOB » pronostique un cadre du secteur financier. Sans attendre le débat sur la réforme du marché financier ?

Samy Injar, pour Le Quotidien d’Oran

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