Boko Haram : islamiste ou terroriste ?


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Alors qu’à ses débuts, les insurgés nigérians ne s’attaquaient qu’aux institutions, aujourd’hui, Boko Haram frappe beaucoup de mosquées tuant même des fidèles en train de prier. D’où la légitimité de se poser la question de savoir si le jargon islamiste imposé par la presse est adapté pour qualifier ce groupe dirigé par Abubakar Shekau.

A ses débuts, le groupe né au Nigeria, et à qui il a été attribué la volonté d’instaurer un Etat islamique, ne s’attaquait qu’aux institutions nigérianes, notamment les postes de police, les camps de l’armée nigériane, les bâtiments et autres édifices publics. Depuis quasiment six mois, comme pour faire passer un message, Boko Haram s’attaque à des musulmans. Et pourtant, la presse, notamment occidentale, insiste à qualifier les membres de ce groupe d’islamistes.

Peur au Nigeria, Niger, Tchad et Cameroun

Boko Haram a fini de faire régner la peur. D’abord au Nigeria où le groupe armé a massacré des populations, incendié des maisons, pillé des commerces, volé du bétail, infligé de lourdes pertes aux forces armées nigérianes qui sont arrivées à dégoûter le peuple qui ne leur faisait plus confiance, surtout lorsque des soldats ont été accusés d’avoir pris leurs jambes à leur cou lorsqu’ils ont été attaqués par les disciples de Shekau. Par la suite, le groupe armé s’attaque aux pays voisins du Nigeria qui ont pris l’initiative de voler au secours du géant aux pieds d’argile, notamment le Cameroun, le Tchad et le Niger.

Attentats-suicides à souhait dans des lieux publics, au Nigeria et dans les pays alliés, où des fillettes d’une dizaine d’années, des femmes qui apparaissent enceintes dont le ventre est bourré d’explosifs, se font exploser causant d’énormes dégâts tant matériels qu’humains. C’est tout simplement l’ère des kamikazes qui vont gicler le sang dans les gares, les marchés et autres lieux très fréquentés par les populations. Les bus de transport public ne sont pas épargnés.

Des islamistes qui attaquent dans des mosquées!

C’est la peur dans le ventre des habitants des pays en « guerre » contre Boko Haram dont les populations ne dorment plus tranquille et ne se déplacent plus comme elles le veulent, du fait de la menace imminente de représailles des insurgés. C’est désormais clair : Boko Haram peut frapper partout et à n’importe quel moment, surtout dans les lieux publics. Sa détermination à vouloir combattre l’éducation occidentale qui est un « péché », selon le groupe lui a valu d’être collé le qualificatif d’islamiste.

Sauf que, durant le mois de Ramadan dernier, Boko Haram qui, entretemps, a décidé de se rebaptiser Province ouest africaine de l’Organisation de l’Etat islamique, multiplie ses frappes meurtrières dans les mosquées, exécutant de nombreux fidèles en train de prier. Tant que les cibles de Boko Haram représentaient des institutions, l’armée ou même des civils, l’appellation d’islamistes pour qualifier les insurgés ne pouvait souffrir d’aucun doute. Dès l’instant que le groupe armé frappe sans se soucier de l’appartenance religieuse, fussent des musulmans en train d’effectuer la prière de vendredi, il y a bien lieu de se demander si l’appellation d’islamistes pour qualifier les membre de Boko Haram est appropriée.

Depuis sa création en 2002, Boko Haram, qui s’est radicalisé avec la prise des rênes par Abubakar Shekau en 2009, a fait plus de 17 000 morts et fait fuir près de deux millions de personnes. Les observateurs sont unanimes : « Boko Haram est aux abois ». Sauf que le groupe ne cesse de prouver, à la lueur du jour, sa grande capacité de nuisance et sa propension à combattre sur plusieurs fronts. Son imprévisibilité aidant, Boko Haram parvient à effectuer des frappes simultanées dans deux pays différents, remettant ainsi en cause la thèse de sa déchéance.

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Journaliste pluridisciplinaire, je suis passionné de l’information en lien avec l’Afrique. D’où mon attachement à Afrik.com, premier site panafricain d’information en ligne
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