Bénin : Reckya Madougou écope de 20 ans de prison ferme


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Reckya Madougou
Reckya Madougou

Débuté depuis vendredi à 9 heures, c’est à 6 h 13 mn, ce samedi que le procès de Reckya Madougou et co-accusés a livré son verdict. 20 ans de réclusion criminelle pour l’ancienne garde des Sceaux béninoise.

Ce vendredi, en claquant la porte de la salle d’audience de la CRIET, lieu du procès de l’ancienne ministre béninoise de la Justice, Reckya Madougou, l’avocat français, Me Antoine Vey, avait alerté que la juridiction ne présente aucune garantie d’indépendance, dénonçant un processus judiciaire qui, dit-il, lui « paraît floué, écrit d’avance ». Le conseil de Madougou est allé plus loin, car il voyait en ce procès, « un processus politique d’extinction des voix dissidentes de votre pays », convaincu que quoi qu’elle puisse dire, « la défense, aujourd’hui, ne sera pas entendue ».

À l’arrivée, n’a-t-il pas raison ? Me Robert Dossou, l’un des avocats de l’opposante béninoise répond sans ambages, dans sa plaidoirie : « La décision qui a été prise ce matin par mon confrère parisien, je l’approuve. Il y a une anomalie dans cette procédure depuis le début ». « Nous avons l’impression que les avocats ne sont plus entendus et que les clauses sont connues d’avance », poursuit l’ancien bâtonnier. En effet, en dépit de tout ce que les avocats de la défense ont pu dire, la réquisition du procureur spécial près la CRIET est passée comme une lettre à la poste.

Reckya Madougou, Bio Dramane Tidjani, Ibrahim Mama Touré et Georges Sacca écopent chacun de 20 ans de prison ferme et 50 millions F CFA d’amende. Mohamed Mora Gbassiré prend 5 ans de réclusion criminelle et 2 millions F CFA d’amende. Mama Bio Amadou Tidjani est, pour sa part, acquitté, au bénéfice du doute. Invitée à s’exprimer avant le prononcé du verdict, Reckya Madougou, droit dans ses bottes, et sans doute déjà convaincue d’avance de son sort, lâche un peu comme Joël Aïvo, quelques jours plus tôt : « Je m’offre pour la démocratie. Si mon sacrifice peut vous permettre à vous Monsieur le Président et à vos collègues de retrouver votre indépendance face au pouvoir exécutif, alors je n’aurai pas souffert inutilement ce calvaire et cette terreur. Back to sender pour les 20 ans. Je le pardonne », conclut l’opposante.

Et le couperet tomba, implacable. Ainsi va la justice dans le Bénin de Patrice Talon.

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