Basile Boli, séduit par le discours de Sarkozy sur l’immigration


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Basile Boli
Basile Boli (© Nicolas DUPREY / CD 78)

Basile Boli, qui a formellement rejoint l’UMP le 16 octobre, assure vouloir aider les migrants à s’investir dans leur pays par delà les polémiques nées ces derniers mois autour du traitement de l’immigration par le gouvernement et la majorité française. Sur cette question, il se dit même séduit par Nicolas Sarkozy. Il donnait une conférence de presse ce mercredi, à Paris.

Basile Boli n’a rien perdu de la détermination qui lui a permis d’offrir à l’Olympique de Marseille et à la France son premier grand trophée européen en 1993. L’ancien footballeur était invité ce mercredi par l’Union des journalistes ivoiriens de France à débattre de l’aide au retour – « piège ou opportunité ?» – au Centre d’accueil de la presse étrangère, à Paris, avec la double casquette de président d’ Entreprendre et réussir en Afrique (ERA), une association qu’il a créée voilà trois mois, et de secrétaire national de l’UMP chargé du co-développement, un poste auquel il a été nommé le 16 octobre dernier.

D’emblée, l’ex-international français d’origine ivoirienne juge les termes du débat « réducteurs », tant le champ d’action de son association ne se limite pas au retour. Lui évoque un « projet de vie » pour les migrants qui ont choisi « volontairement » de rentrer au pays. « Un retour gagnant » pour ces étudiants « pétris de diplôme qui ne savent plus où s’inscrire pour prolonger leur séjour » et qui sont « employés comme maîtres chiens », lit le jeune homme politique, pas encore à l’aise dans ses nouvelles fonctions. Volontaire, donc, et sans doute sincère lorsqu’il se dit le « cœur déchiré » devant les images télévisées de « jeunes africains [qui] n’ont pas vocation à mourir en mer ». Mais pour le concret, il faudra attendre.

« Séduit » par une partie du discours de Sarkozy

Est-il possible de chiffrer le travail d’ERA ? « On n’a pas de chiffres pour l’instant. On est pas mal », explique Basile Boli, évoquant un premier projet au Rwanda et rappelant que son association n’a que trois mois. Sous quelle forme les fonds seront-ils alloués aux bénéficiaires ? Le secrétaire national de l’UMP parle des « conventions » signées fin septembre dernier avec l’Anaem (Agence nationale d’accueil des étrangers et des migrants), sous l’égide du ministre de l’Immigration Brice Hortefeux, et répète que son association supervise les projets « durant 5 ans », grâce à des « relais » sur place, à travers un « process d’évaluation pointu ».

ERA ne sera-t-elle pas handicapée par l’entrée de son président à l’UMP, pour promouvoir le retour au pays, une question sensible maniée avec des pincettes par les associations oeuvrant déjà dans le secteur ? Boli élude la question et la rapporte à lui-même : « je peux repartir quand je veux. Ce n’est pas un contrat longue durée ». A l’en croire, l’ancien footballeur a retenu dans le discours de son mentor, Nicolas Sarkozy, ce qui l’a intéressé. « Je viens de la gauche (…) J’ai fait partie de cette vague « touche pas à mon pote »… Black Blanc Beur… Les réflexions – de Nicolas Sarkozy – sur la repentance, sur la xénophobie, je les ai vécues, mais je ne veux pas en rester là », explique-t-il. « J’ai été séduit par le discours de Nicolas Sarkozy sur l’immigration. Pendant la campagne, c’est le seul à s’être engagé dans [ces] problèmes. Après, on le suit ou non », a-t-il ajouté.

Lui semble ne l’avoir suivi qu’à moitié. La semaine dernière, il s’est encore prononcé contre les tests ADN pour les candidats à l’immigration. A une journaliste qui l’asticote sur le principe d’« immigration choisie », il répond faire « l’inverse » en cherchant à aider les jeunes Africains diplômés à rentrer s’investir sur le continent. Nicolas Sarkozy lui a surtout permis de mettre en oeuvre un « engagement qui ne date pas d’aujourd’hui ». Basile Boli a fondé son association dans le sillage de Sarkozy, avant de signer ses conventions sous l’hospice du nouveau ministère de l’Immigration. Puisse-t-il bénéficier de plus de temps pour faire ses preuves qu’en février dernier, lorsque Nicolas Sarkozy lui a confié une « mission pour qu’il incarne [la] diversité de la France »…

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