Avec ou sans capote ?


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Les Gabonais ne portent pas toujours le préservatif lors de leurs rapports sexuels. Tous conscients du danger que représente le sida, sept jeunes dévoilent comment s’est orienté leur choix. Témoignages.

Le préservatif comme rempart au sida ? Les Gabonais en sont convaincus, pourtant tous ne l’utilisent pas systématiquement. Les raisons évoquées vont du moment d’inconscience à la confiance aveugle. Parmi les adeptes de la capote, il y a ceux qui pensent que la fidélité est un mythe et ceux qui ont été traumatisés par la mort d’un proche emporté par la maladie. Sept jeunes expliquent pourquoi ils aiment le préservatif un peu, beaucoup, passionnément ou pas du tout.

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Aurélie[[<1>Le prénom de la jeune fille a été changé.]], 17 ans.

« Je ne fais pas confiance aux hommes »

« J’ai peur du sida, alors je me protège toujours quand j’ai des rapports. En général, ça n’a pas posé de problèmes à mes petits copains. Mais certains voulaient absolument faire l’amour sans préservatif. Après avoir refusé, il est arrivé qu’ils me laissent tomber. Mais je ne regrette rien. Je ne fais pas confiance aux hommes et rien ne me dit que celui avec qui je sors m’est fidèle. »

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Christian, 33 ans.

« J’ai toujours des préservatifs sur moi »

« Je ne suis pas sûr que la fidélité existe en Afrique. C’est pourquoi j’ai toujours des préservatifs sur moi, au cas où. Pour optimiser cette protection, je bois beaucoup d’eau avant chaque rapport. De cette façon, je vais uriner dès qu’il est terminé. Cela permet d’évacuer toutes les impuretés que j’aurais pu attraper. Surtout lorsque le préservatif a craqué[[<2>La rédaction tient à préciser que cette méthode de prévention reste tout à fait farfelue. Le préservatif est à ce jour le seul moyen, avec l’abstinence et la fidélité, pour se prémunir contre le sida.]]. »

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Juste, 24 ans.

« J’utilise le préservatif à l’instinct »

« J’ai déjà eu des rapports non protégés et je ne l’ai jamais regretté. Un simple regard ou une sensation me permet de savoir si je peux faire l’amour sans prendre de risques. Lorsque je couche avec une fille, je mets des préservatifs les premières fois. Mais dès que j’ai confiance, j’abolis la capote. Si ma copine refuse, je lui dit qu’il n’y a qu’elle que j’aime et que si je me protégeais, se serait me protéger d’elle. Si elle insiste, il se peut que je refuse le rapport sexuel. Par contre en boîte, il n’y a pas à discuter : j’utilise toujours des préservatifs. Pour l’instant, mon instinct ne m’a jamais trompé. J’ai peut-être Dieu avec moi. »

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Aude, 15 ans.

« Je doute de sa fidélité »

« Je suis au courant de ce qu’est le sida depuis que j’ai dix ans. J’ai très peur de cette maladie. J’ai d’ailleurs des amies qui en sont infectées. Je n’ai jamais eu de rapports non protégés. Mon petit copain et moi, nous parlons ouvertement des risques. Je tiens d’autant plus à ce qu’il mette un préservatif parce que je ne suis pas certaine d’être la seule fille avec laquelle il sorte. »

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Boush, 20 ans.

« Il vaut mieux voir le sida de loin que de près »

« Contrairement à certains de mes amis, je me protège à chaque fois. Lorsqu’il craque, je l’enlève et j’en remets un autre. Certaines filles ont voulu faire l’amour sans préservatif. Dans ces cas là, je refuse toujours d’aller plus loin. Et je ne l’ai jamais regretté parce qu’on est jamais sûr de la fidélité de sa partenaire. Si j’attrapais le sida, ma vie serait gâchée. C’est un véritable frein aux projets. Le sida, il vaut mieux le voir de loin que de près. »

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Ralph, 15 ans.

« Je pratique l’abstinence »

« Ma copine et moi, on parle du sida et du port du préservatif. Je suis pour, mais je pratique l’abstinence. Ce sont les filles qui transmettent la maladie [[<3>Ce ne sont pas uniquement les femmes qui transmettent le sida. Toute personne contaminée peut transmettre la maladie.]]. Et je ne sais pas si ma copine et moi allons rester ensemble. Je préfère ne pas prendre de risques. En plus, l’an dernier, au début du deuxième trimestre, j’ai appris qu’un lycéen que j’avais déjà rencontré était mort du sida. Lui l’avait attrapé par sa mère. Ce décès m’a beaucoup touché et m’a fait prendre conscience du danger que représente la maladie. »

Rodrigues, 31 ans.

« Depuis que j’ai vu un sidéen, je me protège toujours »

« Lorsque j’étais plus jeune, je sortais avec beaucoup de femmes. Mais je me servais des préservatifs plus comme contraceptifs que comme protection contre le sida. Mais il m’arrivait de le retirer pendant le rapport quand j’avais trop bu. Jusqu’au jour où j’ai vu un étudiant à l’université complètement déchiqueté par la maladie. C’est à ce moment là que j’ai vraiment pris conscience de ce qu’était cette maladie. Et j’ai regretté les fois où je ne me suis pas protégé. Depuis ce jour, quand j’avais un deuxième bureau (une maîtresse, ndlr), je posais une capote sur la table de chevet pour ne pas l’oublier. »

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