Avec Moufida Tatli, le cinéma tunisien était présent à Cannes


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Drapeau de la Tunisie
Drapeau de la Tunisie

Parmi les rares films africains présentés lors de l’édition 2000 du Festival de Cannes, le film de Moufida Tatli,  » La Saison des hommes « , a retenu l’attention des spectateurs dans la sélection  » un certain regard « . Retour sur un succès d’estime mérité.

C’est une chronique de la Tunisie d’aujourd’hui que nous offre la réalisatrice, sur un scénario qu’elle a elle-même composé : la vie d’une femme contemporaine, entre ses velléités de révolte et la puissance des traditions qui s’imposent à elle, entre son désir de changer d’univers et sa difficulté à le faire accepter de ses proches.

A 18 ans, Aïcha, de Djerba, a épousé Said, qui travaille à Tunis onze mois sur douze. Séparation forcée qu’elle refuse, manifestant son désir de le suivre, et de travailler elle-même pour gagner l’argent nécessaire. Seule condition posée par Said : la naissance préalable d’un fils. Les années passent, et deux filles naissent, et Aïcha perd ses illusions, tissant ses tapis, qui doivent lui donner les moyens de suivre Said dans la capitale. Enfin naît Aziz, et sa vie prend un autre tour…

Rien n’est simple, et les leçons de Tunis ne seront pas si légères : des années plus tard, Aïcha retournera avec Aziz et ses deux filles dans la vieille demeure de Djerba,  » pour comprendre le passé et retrouver la paix et la sérénité «  perdues…

L’humaine fortune

Ce film simple et beau n’est pas seulement une plongée dans la Tunisie d’aujourd’hui, et une juste et belle évocation de la place qu’y ont les femmes, dans un système de valeurs largement dominé par les traditions phallocratiques méditerranéennes… C’est aussi une puissante méditation sur le temps, à travers le vécu d’une femme, rythmé par les grossesses, les naissances, les événements familiaux. De la jeune fille emportée et volontaire, que reste-t-il enfin lorsque l’âge vient, et que le regard jeté en arrière ne comprend plus très bien le sens des jours passés ?

Sans nostalgie pour ce qu’elle a été, mais simplement essayant de comprendre ce qui s’est passé, ce qui l’a transformée et où est vraiment sa place, Aïcha accomplit avec nous ce parcours et il est difficile de ne pas y reconnaître, homme ou femme, un reflet de notre propre expérience. Comme quoi, dans le songe d’une femme, c’est, comme dirait Montaigne, « toute l’humaine fortune qui se joue. »

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