Aux frontières de la paix


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La tension monte entre l’Ethiopie et l’Erythrée à propos du tracé de leurs frontières communes, réalisé par la Commission internationale de la frontière. Les membres de l’organisme indépendant accusent l’Ethiopie de vouloir  » saper  » l’accord signé en avril dernier par les deux parties.

Depuis un an, l’Ethiopie et l’Erythrée ont placé leur destin entre les mains de la Commission internationale de la frontière pour mettre fin à des décennies de guerre. Le cessez-le-feu d’un énième conflit armé acquis à Alger en décembre 2002, il restait aux deux Etats à tracer une bonne fois pour toutes leurs frontières communes. Le plan proposé par la Commission internationale,  » définitif et contraignant « , est accepté par les deux parties en avril 2002. Seul problème : la ville de Badme – à l’origine de nombreux conflits et revendiquée par l’Ethiopie comme par l’Erythrée – ne figure pas sur le plan final. Profitant de ce flou juridique, les deux pays se sont immédiatement félicités du fait que cette ville symbole ait été reconnue, tantôt comme éthiopienne, tantôt comme érythréenne. Aujourd’hui, alors que le processus en est à la démarcation physique de la frontière entre les deux pays, la Commission accuse l’Ethiopie de vouloir  » saper  » l’accord signé en avril 2002.

Le statut flou de Badme

Un tracé final des frontières a été soumis à l’Ethiopie et à l’Erythrée en décembre 2002. Chaque partie s’est vue proposer d’y apporter des commentaires techniques. Mais l’Ethiopie est allée bien plus loin que cela, selon le rapport de la Commission. Pour ce pays, explique-t-on,  » le tracé devrait être modifié afin de mieux prendre en compte la géographie humaine et physique « . Ce dont Alemu Tekeda, le ministre éthiopien des Affaires étrangères,  » déçu et attristé  » par ces propos, se défend. L’Ethiopie  » n’essaye pas de revenir sur le fond du problème, explique Alemu Tekeda, mais j’aurai du mal à croire qu’une personne saine d’esprit puisse placer Badme en Erythrée « . Le 13 mai 2002, une requête de l’Ethiopie visant à interpréter et corriger le tracé de la Commission avait déjà été refusée.

Prévenir la guerre

Dans une lettre adressée au président du Conseil de sécurité de l’Onu, le ministre érythréen des Affaires étrangères, Ali Saïd Abdella, expose ses craintes de voir son  » pays replonger dans une guerre inutile « , après les  » récents développements  » du procesus de délimitation des frontières ». « Nul n’a obtenu tout ce qu’il souhaitait, explique-t-il, mais chaque partie est liée par les accords d’avril 2002 et il n’est pas question de les rediscuter. Ce serait remettre en cause tout le processus « , poursuit-il avant d’appeler à prendre des mesures préventives contre l’Ethiopie. Vendredi, le mandat de la Mission des Nations unies en Ethiopie et en Erythrée (Minuee) a été prolongé de six mois, après considération du dernier rapport de la Commission. Les 5 000 habitants de Badme attendent toujours que l’opération de démarcation physique de la frontière atteigne leur ville pour savoir s’ils sont éthiopiens ou érythréens.

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