Au Cameroun l’eau est un défi pour les agglomérations


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Dans le cadre de son cycle de conférences internationales, l’Institut Universitaire du Golfe de Guinée (IUG) de Douala en partenariat avec l’Institut Français du Cameroun (IFC) a organisé une conférence portant sur La Problématique de l’eau en zone urbaine et dont le principal intervenant était le Proffesseur Jean-Marc Alauzet. Afrik.com a recueilli les points saillants de son exposé.

Afrik.com : Qui est Monsieur Jean-Marc Alauzet ?

Jean-Marc Alauzet : Je suis le Président du Syndicat Du Bas Languedoc France, Membre de l’observatoire de l’eau, Elu de la ville de Fabregues France, Elu à la Métropole de Montpellier France, Professeur Agrégé de l’Université en Gestion, Enseignant à l’IUG en Ingénierie Financière.

Afrik.com : En date du 23 juin 2017 dans la salle de spectacles de l’Institut Français du Cameroun (Douala), vous avez fait un exposé portant sur la problématique de l’eau en zone urbaine. Que peut-on retenir de votre exposé ?

Jean-Marc Alauzet : Le réchauffement climatique doit faire évoluer les mentalités sur l’utilisation de l’eau potable et le partage de l’eau. Elle sera de plus en plus rare d’où la nécessité de faire des économies, de diversifier les ressources, de mieux gérer le réseau.
Le Cameroun dispose d’eau en quantité (230 jours de pluie par an) mais seulement un tiers de la population dispose de l’eau de canalisation. Il est urgent d’accélérer le développement du réseau et son amélioration.

Des progrès sont faits depuis le remplacement de la SNEC (Société Nationale des Eaux du Cameroun) par l’accord tripartite entre l’Etat, la CDE (Camerounaise Des Eaux) et Camwater. Mais il reste beaucoup de chose à faire en terme de production et d’adduction.

Des solutions existent pour potabiliser l’eau (appelée parfois Fanta !!!!). Il existe des techniques classiques comme la filtration par le sable et le charbon (on peut y ajouter l’ozonation, les UV et naturellement la chloration). On peut utiliser aussi des membranes (ultrafiltration). L’eau des puits est polluée par le manque d’assainissement, il faut en parallèle travailler dans ce domaine pour traiter les eaux usées notamment dans le secteur péri-urbain.

J’ai insisté sur la gestion du réseau avec l’exemple de mon syndicat en France. Le rendement générai est de 88,2 %, l’adduction a 93 %. Comment ? Par une politique de recherche de fuites, le renouvellement du réseau à hauteur de 1 % par an, la mise en place de la télérelève, d’un système informatique de géolocalisation (connaissance patrimoniale du réseau), l’installation de débimètres pour sectoriser les secteurs de distribution, l’utilisation d’oreilles pour écouter les fuites, la modélisation mathématique du réseau (logiciel prédictif de casses).
Naturellement il est difficile de transposer le modèle français au modèle Camerounais.

J’ai expliqué comment calculer le prix de l’eau avec une part fixe (abonnement) et une part variable (tarif par tranches pour inciter aux économies)

Afrik.com : Pourquoi cette conférence avait-elle été organisée ?

Jean-Marc Alauzet : Je suis enseignant à l’IUG de Douala, je donne un cours d’Ingénierie financière pour les classes de Master. En France je suis élu avec la responsabilité d’un syndicat de l’eau, c’était l’occasion de porter un éclairage sur cette problématique majeure.

Afrik.com : Maintenant que le changement climatique est là, quelle attitude doivent adopter les populations ?

Jean-Marc Alauzet : Au Cameroun, le contexte est différent, c’est le pays d’Afrique noire qui possède le plus d’eau douce à disposition (sans parler du dessalement avec la proximité du Golfe de Guinée).
Le problème ce n’est pas le manque d’eau, c’est la potabilisation et la distribution.

Afrik.com : Pouvez-vous nous conter votre expérience en matière de gestion de l’eau ?

Jean-Marc Alauzet : Je suis responsable de mon syndicat depuis près de vingt ans. Notre politique se résume à la diversification des ressources, le fort renouvellement du réseau, la modernisation des installations, un fort investissement (adduction, usines de production, réservoirs).

Afrik.com : Que fait le syndicat dont vous avez la charge ? Citez-nous quelques-unes de ses réalisations.

Jean-Marc Alauzet : Le syndicat alimente 500 000 personnes sur un territoire de 60 kilomètres de long par vingt de large.
Une gestion dynamique du réseau qui permet un rendement de 88,2 % (dont 93 % sur l’adduction), une usine de pompage ultra moderne sur le fleuve Hérault (100 000 M3 par jour), une usine de potabilisation de l’eau du Rhône (60 000 M3/jours), la mise en place de la télérelève (tête électronique sur chaque compteur avec une alerte fuite), projet d’une usine de dessalement à l’horizon 2025…

Afrik.com : Vos impressions à l’issue de cette rencontre

Jean-Marc Alauzet : Il est difficile de transposer les techniques de mon syndicat au Cameroun en raison d’un réseau d’adduction peu développé, du contexte financier.

De nets progrès sont faits au Cameroun mais il reste beaucoup à faire (idem en France où la plupart des réseaux sont vieillissants). La volonté est là, il faut que les financements suivent.

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