Assassinat de l’ambassadeur d’Italie en RDC : les accusés écopent de la perpétuité


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Luca Attanasio
Luca Attanasio

Près de six mois après le début du procès des présumés assassins de l’ambassadeur italien, Luca Attanasio, en RDC, en février 2021, le verdict est tombé. Le tribunal a condamné les six accusés à la prison à perpétuité.

La prison à vie ! Voilà le verdict du procès des six personnes accusées de l’assassinat de l’ambassadeur italien en RDC, Luca Attanasio, le 22 février 2021. En plus de cela, la cour a accordé à la République d’Italie l’équivalent en francs congolais de deux millions de dollars au titre des dommages et intérêts.

Des membres d’une « bande criminelle »

Les cinq condamnés présents – André Murwanashaka Mushahara, Issa Seba Nyani, Antoine Bahati Kiboko, Amidu Sembinja Babu alias Samuel Ombeni et Prince Marco Shimiyimana – et leur compère en fuite ont été reconnus coupables de « meurtre, association de malfaiteurs, détention illégale d’armes et munitions de guerre ». Tout au long du procès, le ministère public a présenté les accusés comme étant des membres d’une bande de criminels de droit commun, coupeurs de route et kidnappeurs qui avaient l’intention de kidnapper l’ambassadeur pour exiger une rançon.

Mais, l’opération a mal tourné, et le diplomate italien, son garde du corps, le carabinier Vittorio Iacovacci, et un chauffeur congolais du Programme alimentaire mondial (PAM), Mustapha Milambo, sont morts par balles. Les inculpés ont totalement nié les faits, revenant sur leurs propres aveux obtenus peu de temps après leur arrestation, en janvier 2022 dans la province du Nord-Kivu. Durant le procès, ils ont soutenu mordicus qu’ils avaient fait ces aveux sous la torture. Mais, cela a été sans effet sur le tribunal qui a reconnu leur culpabilité et prononcé son verdict.

Un verdict satisfaisant pour la partie civile…

À l’arrivée, le tribunal militaire de la garnison de Kinshasa-Gombe logé dans la prison militaire de Ndolo n’a donc pas retenu la peine capitale requise par le ministère public contre les accusés. Mais, dans le fond, la perpétuité prononcée vaut presque la même chose. Puisque si la peine de mort est toujours valide en RDC dans des affaires de sécurité nationale, la justice ne l’applique plus depuis 20 ans et la commue systématiquement en prison à perpétuité.

Avec ce verdict, c’est la partie civile que représente entre autres l’Italie qui est plutôt satisfaite, puisqu’elle s’était opposée à la peine capitale, souhaitant en lieu et place une peine privative de liberté. En son temps, face au risque de la peine de mort qui planait sur le procès, le père de l’ambassadeur présent, s’était retiré du procès, avançant comme raison « qu’il ne pouvait pas continuer à être partie civile dans un procès où il y a risque de condamnation à mort ».

… mais pas pour la défense qui veut interjeter appel

Non convaincus du verdict, les avocats de la défense ont promis d’interjeter appel. Pour eux, le parquet n’a pas pu apporter les preuves de ses accusations et le tribunal devait donc acquitter purement et simplement les six hommes. Mieux, ils fustigent le fait que le tribunal n’a invité à la barre aucun témoin ni expert. Pour les avocats de la défense, il aurait fallu entendre les gardes du parc ou encore un survivant de ce drame, en la personne d’un autre employé du PAM. Un autre procès devrait alors avoir lieu devant une autre cour militaire.

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Historien, Journaliste, spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne
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