Assassinat de Chokri Belaïd : le gouvernement tunisien publie les photos des cinq suspects


Lecture 3 min.
arton30010

Les autorités tunisiennes ont publié samedi les photos des cinq hommes suspectés d’avoir commandité l’assassinat de Chokri Belaïd, principal opposant, tué le 6 février dernier à Tunis. Le gouvernement cherche à prouver son innocence.

Sur les traces des assassins de Chokri Belaïd. Les autorités tunisiennes viennent de franchir un grand pas dans l’enquête sur l’assassinat de Chokri Belaïd. Ils ont publié, samedi 13 avril, les photos des cinq hommes, tous accusés d’avoir eu des liens avec le meurtre de l’emblématique opposant tunisien. Un meurtre survenu le 6 février 2013 à Tunis.

Le gouvernement cherche à redorer son blason

Kamel El Gathgathi (39 ans), Ahmed Rouissi (46 ans), Salmane Marakchi (30 ans), Marouane Ben Haj Salah (33 ans) et Ezzedine Abdelaoui (38 ans). Telle est la liste des cinq suspects. Cinq hommes à qui le gouvernement d’Ennahda impute la responsabilité du meurtre.

Plus de deux mois après l’assassinat, l’actuel gouvernement tunisien, à sa tête Moncef Marzouki, joue la carte de la transparence et cherche en effet à redorer son blason. Il avait été très tôt indexé du doigt et accusé d’être derrière ce que certains qualifient « d’actes ignobles ».

Le gouvernement joue-t-il la carte de la transparence ou s’agit-il d’une véritable mise en scène pour détourner le peuple tunisien de la réalité ? Les doutes persistent.

Joint par Afrik.com, Vincent Geisser, chercheur à l’Institut français du Proche-Orient (IFPO), nous livre son opinion. Interrogé sur l’effet que pourrait avoir la publication de telles photos, il répond : « En publiant les photos des principaux suspects, le gouvernement donne les gages en montrant qu’il prend les choses en main. Le gouvernement met ainsi un point d’honneur sur l’enquête de l’assassinat de Chokri Belaïd. Il ne faut pas oublier que le gouvernement tunisien a été pointé du doigt juste après la mort de Chokri Belaïd. Il veut montrer au peuple tunisien qu’il est innocent et qu’il peut en réalité contribuer à mettre la main sur les principaux suspects, qui ne font pas partie de son parti ».

Une stratégie de communication ?

Sur la lenteur de l’enquête, Vincent Geisser déclare : « Un assassinat politique est fait pour que les coupables ne soient jamais trouvés. La Tunisie c’est une démocratie transitoire. Tout est à refaire. Tout est remis en cause. Il ne faut surtout pas s’attendre à ce que l’enquête aille vite. C’est tout à fait logique d’ailleurs. C’est le contraire qui serait surprenant ».

Avant que le chercheur n’émette quelques réserves, quant à la publication des photos. « J’ai peur maintenant que le gouvernement empêche l’enquête de se poursuivre sérieusement. En voulant à tout prix montrer son innocence en publiant des photos, le gouvernement risque de décrédibiliser l’enquête. On se demande si l’on n’assiste pas là, à une mise en scène. On dirait une stratégie de communication. Les autorités politiques doivent laisser le parquet poursuivre son travail sérieusement ».

La diffusion des photos intervient à la suite d’une autorisation judiciaire. L’assassinat du principal opposant tunisien, le 6 février dernier, avait provoqué un tollé dans le pays et aussi à l’étranger. Depuis lors, les enquêtes se poursuivent. Le tueur présumé est toujours en cavale.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News