Art Melody, un rappeur burkinabè en colère


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Un rappeur engagé. Mamadou Konkobo, de son nom de scène Art Melody, présente son nouvel album, Zound Zandé (la déglingue) sorti en mars dernier. La nouvelle voix des désœuvrés burkinabè livre également, dans cette interview accordée à Afrik.com, ses impressions sur la vague de révolte qui secoue le Burkina Faso.

Un nouveau tandem Ouagadougou-Bordeaux. Art Melody a choisi, deux ans après son premier opus, de refaire confiance au savoir-faire d’un Bordelais. Mais cette fois le beatmaker ne se nomme plus Minimalkonstruction, mais REDRUM. L’album Zound Zandé (la déglingue), qui résulte de cette nouvelle coopération, mélange rythmes hip-hop, soul, funk, rap et sonorités africaines. L’artiste s’est inspiré des rappeurs maliens et sénégalais avec qui il a chanté. La même verve et clameur sociale se dégage de sa musique. Art Melody, né il y a 33 ans à Bobo-Dioulasso, la capitale économique du Burkina Faso où une mutineries de militaires ont éclaté cette semaine, nous parle un peu de sa musique et beaucoup de son pays qui vit une crise majeure.

Afrik.com : Quelle est l’origine de votre nom de scène, Art Melody ?

Art Melody : Art Melody est tiré d’un de mes prénoms, Arnel. J’ai rajouté le terme Melody derrière. Ma musique est un mélange de funk, de reggae avec des percussions de musique traditionnel. Tout ce mélange donne le rap que je chante.

Afrik.com : Votre musique ressemble beaucoup au rap engagé sénégalais actuel…

Art Melody : J’ai travaillé avec des groupes sénégalais comme Pacotille. Ces groupes m’ont beaucoup inspiré.

Afrik.com : Pourquoi avoir appelé votre nouvel album Zound Zandé (la déglingue), qui est également le nom d’une de vos chansons ?

Art Melody : En raison du comportement de nos dirigeants et des conditions de vie. C’est « la déglingue ». Tout ce qui se passe au Burkina Faso actuellement, j’avais bien vu ça de loin.

Afrik.com : Quels sont les indices qui vous ont mis sur la voie ?

Art Melody : Le chômage et toutes les promesses des hommes politiques qui n’ont pas été respectées. L’on dit que l’on est dans un pays démocratique mais des journalistes sont assassinés. C’était prévisible. Il faut que le Burkina Faso devienne un pays démocratique.

Afrik.com : Il y a eu une mutinerie de militaires à Bobo-Dioulasso cette semaine. Pensez-vous qu’elles sont légitimes ?

Art Melody : Les revendications des militaires sont légitimes d’une manière ou d’une autre. Ils revendiquent le versement de leurs indemnités. C’est dommage à dire, mais il n’y a que les armes qui peuvent faire partir celui qui est venu par les armes [le président burkinabè Blaise Compaoré, ndlr]. Cependant les militaires doivent piller la population pour qu’elle se sente concernée. Il faut un mouvement d’ensemble. Lors des mutineries, les étudiants grèvent alors que les commerçants ouvrent les magasins.

Afrik.com : Quel est l’état d’esprit des Burkinabè face à ce mouvement de révolte ?

Art Melody : Les Burkinabè commencent à en avoir marre. Ils sont écœurés. On ne sait pas quand ça commence, ni quand ça finit. Quand on voit ce qui c’est passé en Côte d’Ivoire… Ils ont vraiment peur.

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