Angolagate : les carnets de l’ex-directeur des RG pourraient torpiller le procès


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Yves Bertrand
Yves Bertrand

Le procès du présumé trafic d’armes vers l’Angola entre 1993 et 1998 connait un nouveau rebondissement. Les juges ont accepté, lundi, la requête des avocats de la défense de verser les carnets de l’ex-directeur des Renseignements Généraux français au dossier. Se basant sur des informations révélées par la presse, les avocats de la défense soupçonnent Yves Bertrand d’avoir été l’informateur de Philippe Courroye sans que cela ne soit noté dans la procédure. Leur objectif : entacher l’ensemble de l’instruction pour espérer une annulation du procès.

Et si c’était l’ex-directeur des RG, Yves Bernard, qui avait mis le juge Philippe Courroye sur la piste de Pierre Falcone et de son associé, accusés d’être au cœur du présumé trafic d’armes vers l’Angola entre 1993 et 1998? Pourquoi cette hypothèse n’est-elle pas mentionnée dans la procédure ?

A ces questions, la suite du procès de l’Angolagate apportera peut-être des réponses. Selon les avocats de la défense, qui eux-mêmes relaient une information de presse, Yves Bertrand aurait rencontré à plusieurs reprises, onze fois précisément, le juge Philippe Courroye durant l’instruction de l’affaire de l’Angolagate. Mais, nulle part dans le dossier, cela n’a été mentionné. Pour les avocats de la défense, l’ex-directeur des RG aurait donc pu être l’informateur du magistrat.

En 2000, c’est le juge Philippe Courroye qui avait dévoilé l’affaire qui deviendra l’Angolagate alors qu’il effectuait, dans le cadre d’une autre affaire, une perquisition au domicile d’Allain Guilloux, avocat fiscaliste de Pierre Falcone. Il avait ainsi permis au ministère de la Défense de porter plainte contre l’hommes d’affaires et son associé pour « Infraction à la législation sur les armes. »

Par deux fois, les défenseurs de Pierre Falcone, d’Arcadi Gaydamak, son associé réfugié en Israël, ainsi que ceux de Charles Pasqua et de Jean-Christophe Mitterrand, accusés d’avoir touché des pots-de-vin, avaient demandé que les carnets d’Yves Bertrand soient versés au dossier, sans succès. Ce lundi, ils ont obtenu gain de cause. Les juges ont accepté que des carnets de l’ex-directeur des Renseignements Généraux, saisis dans l’affaire de Clearstream, soient versés au dossier du procès.

Philippe Courroye, «instrument d’un règlement de comptes»

L’objectif de ces avocats est clair : prouver une « relation secrète» entre Yves Bertrand et Philippe Courroye, afin de discréditer l’enquête du juge. La défense cherche à présenter le juge Courroye « comme l’instrument d’un règlement de comptes de Jacques Chirac à l’encontre de l’ancien ministre de l’intérieur Charles Pasqua, et à entacher en conséquence l’ensemble de son instruction », écrit Le Monde.

Mais dès l’ouverture du procès, le 6 octobre, Philippe Courroye avait démenti un article publié en ligne par Le Point, affirmant qu’il avait eu des « relations secrètes » avec Yves Bertrand. « Je démens totalement ces relations qui n’étaient nullement secrètes et qui se limitent à une rencontre, lorsque j’ai entendu comme témoin, le 17 janvier 2002, Yves Bertrand dans l’affaire du casino d’Annemasse » pour laquelle Charles Pasqua a été condamné, avait déclaré à l’AFP le magistrat.

Après la lettre d’Hervé Morin, ministre français de la Défense, visant à affaiblir l’accusation et le recours des autorités angolaises pour une annulation du procès, l’affaire des carnets d’Yves Bertrand vient tenter, à son tour, d’empêcher le bon déroulement du procès du présumé trafic d’armes vers l’Angola entre 1993 et 1998. Un trafic considéré comme l’un des plus importants du XXème siècle.

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