Aloe Blacc, orfèvre de la soul music


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Dans la foulée de son tube « I need a dollar », véritable hit utilisé par HBO pour en faire le générique de l’émission « How To Make It In America », Aloe Blacc signe son 2e album chez Stones Throw Records. Si Good Things surfe sur la vague soul rétro, ses textes sont définitivement contemporains. Une petite merveille soul qui sent le talent… et le travail.

AloeBlaccGoodThings.jpgGood Things aurait pu être l’un de ces nombreux disques tristement nostalgiques des annes 60 et 70, qui nous font frôler aujourd’hui l’indigestion. Mais le nouvel opus d’Aloe Blacc, s’il affirme un parti pris esthetique résolument « soul old school », parvient à s’élever au niveau des meilleurs. Convoquant Marvin Gaye, Otis Redding, Al Green, il en renouvelle le genre. Aloe Blacc a su en garder l’esprit sans singer les mimiques. Mélodies brûlantes, voix maîtrisée (AB dit travailler sa voix chaque jour), instrus de choix – lignes de basse et d’orgue enivrantes, cuivres chauds et guitares funk –, le tout superbement produit par Jeff Dynamite et Leon Michels, de Soul Fire and Daptone, dont il faut saluer le travail.

Shine Through, le 1er album solo d’Aloe Blacc piochait dans les multiples influences de l’artiste, gospel, hip hop, sons latinos, electro… Avec Good Things, il choisit une esthétique et exerce sont éclectisme avec plus de finesse. En témoigne les reprises magistrales de « Femme fatale » du Velvet Underground ou « Politician », morceau qui conclut l’album dans une explosion rock, soul et funk sans paroles.

Une écriture engagée

« Mon propos tend vers un certain progrès social. (…) Même si la musique en elle-même n’exprime pas explicitement cette idée, l’effet produit par elle le fera », déclarait le chanteur américain dans une récente interview. Good Things navigue entre des textes dépeignant les travers de notre societé et des chansons sur l’amour, plutôt que des chanson d’amour.

La chaleur de la Soul, donc, pour une écriture proche de la tradition du protest-song des annees 60. « La clé de tout et de tout le monde ici, aux Etats-Unis, c’est l’argent. », chante-t-il dans une chanson (Aloe Blacc s’était déjà essayé à une reprise de Cat Stevens). Quant à ses chansons d’amour, elles sont loin du sentimentalisme sirupeux qui pullule sur nos ondes radio. Des textes parfois revanchards, « Depuis que tu es parti, beaucoup de choses bien se sont produites », parfois désabuses, « aimer me tue », et un magnifique chant d’amour, « If I », décliné sous forme de questions, dans lequel les peurs et doutes de ce début de siècle semblent se répandre jusque dans la passion.

Aloe Blacc nous propose un album loin des productions des crooners mielleux ou des rappeurs égocentriques célébrant l’argent. Et ça fait du bien.

Le site officiel d’Aloe Blacc

Par Jules Delmy

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