Algérie : officiellement investi demain, le nouveau Président réussira-t-il à lever les ambiguïtés ?


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Le Président algérien, Abdelmadjid Tebboune
Adelemadjid Tebboune, nouveau Président d'Algérie

Demain, jeudi 19 décembre, Abdelmadjid Tebboune, vainqueur de l’élection présidentielle du 12 décembre dernier, prêtera serment devant le peuple pour être officiellement investi de ses pouvoirs.

Aussitôt après que le Conseil Constitutionnel a confirmé les résultats du scrutin qui a permis à Abdelmadjid Tebboune de sortir victorieux avec 58,15% du suffrage exprimé, la cérémonie officielle d’investiture a été programmée. Ce jeudi, le nouvel homme fort algérien entrera véritablement dans l’exercice de ses fonctions et assumera pleinement les prérogatives que lui confère sa nouvelle fonction.

Son discours d’investiture est attendu par des milliers de personnes qui souhaitent obtenir des réponses précises par rapport aux soulèvements populaires en cours dans le pays depuis plusieurs mois. La poursuite des contestations du mouvement populaire Hirak, la crise politique très aiguë dans le pays, la situation des détenus politiques et des personnes exilées sont autant de sujets qui intensifient la crise sociale en Algérie. Dans ce climat pour le moins délétère, le discours de Tebboune saura-t-il calmer les ardeurs et lever les ambiguïtés ? Ses mots étancheront-ils la soif d’un peuple excédé ?

Révision de la loi fondamentale

Tout est à rebâtir en Algérie ou presque. Jusqu’à présent, Abdelmadjid Tebboune ne s’est pas prononcé. Il s’est juste contenté d’effleurer ces questions pourtant névralgiques. Le plan d’action élaboré par sa directrice de campagne se base sur la généralité. Il n’y a guère de détail explicite sur les actions qu’il mènera en tant que chef d’Etat. Mettra-t-il à profit l’occasion que représente son investiture pour lever ce mystère ? Maintenant qu’il est élu, saura-t-il s’affranchir des contraintes qui l’obligeait à maintenir une certaine réserve sur les questions à lui posées lors de ses anciennes sorties publiques ?

Au cours de la première conférence de presse qu’il a animée vendredi 13 décembre, le nouvel élu a abordé avec prudence tous les sujets sauf celui relatif à son projet de révision constitutionnelle et le code électoral qui a été amendé récemment. Il n’a pas détaillé non plus les points qu’il souhaite réviser dans la loi fondamentale. Il a juste fait la promesse de réduire les prérogatives liées au poste de président de la République et de procéder à une séparation effective des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire.

Dialogue avec les responsables du Hirak ?

Sur la question du sort réservé aux prisonniers politiques et d’opinion, le nouveau Président ne s’est pas encore prononcé. Il s’agit de l’une des questions qui tiennent le plus en haleine l’opinion publique qui attend son intervention.

C’est avec une quinte d’hésitation qu’il a pris position concernant l’arrestation de Lakhdar Bourega, d’hommes politiques comme Fodil Boumala, Samir Belarbi et Karim Tabbou. Même son de cloche quant aux activités du mouvement Hirak et concernant les membres d’Amazigh, le professeur d’université Keddour Couicha et même Louisa Hanoune, secrétaire du parti des travailleurs. Il avait juste lancé, d’un ton évasif : « On verra » au cours de la conférence de presse.

Par ailleurs, au sujet du mouvement populaire Hirak qui conteste toujours le scrutin et son résultat, le nouveau Président promet vaguement le dialogue pour apaiser les tensions. « Il y aura entre les responsables du Hirak et moi un dialogue », a-t-il laissé entendre. Mais il n’a révélé ni le moment ni la manière dont il procédera pour sélectionner les responsables en question. Un dialogue oui, mais quels seront les interlocuteurs ? Le chef d l’Etat algérien n’a pas été plus explicite sur la question.

Economie : Abdelmadjid Tebboune reste toujours mystérieux

Au plan économique, le nouveau Président s’est également montré laconique sur la justification de ses prévisions. Il n’a pas expliqué comment il compte procéder pour combattre efficacement la crise économique qui se dessine et qui inquiète le peuple algérien.

Il s’est juste contenté de faire la promesse de « récupérer les fonds publics détournés par les dirigeants, ces 20 dernières années ». Le mécanisme par lequel il réussira à tenir cette belle promesse reste tout autant mystérieux. Eclairera-t-il les points d’ombres dans son premier discours adressé au peuple ? Nous le saurons demain.

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