Algérie : le périple des gardes communaux vers Alger


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Ils étaient entre cinq et dix mille gardes communaux à marcher vers Alger ce lundi. Objectif, se rendre au siège de la Présidence à El Mouradia, à Alger. De violents affrontements ont eu lieu entre les forces antiémeutes et les gardes communaux à l’entrée de la capitale. Les manifestants souhaitent que les promesses faites à leur égard en 2011 soient tenues.

Symbolique et pacifique. Tel était le but de la marche organisait ce lundi par les gardes communaux en Algérie. Pourtant, Alger avait comme un arrière-goût de guerre ce lundi. Une marée humaine, drapeaux en mains, se dirigeait droit vers la capitale, ou plutôt vers un barrage de policiers et de forces antiémeutes…

Partis à pied de Blida, vers 3 ou 4 heures du matin, en tenue civile ou militaire, des milliers de garde communaux, entre 5 et 10 000 selon les autorités, 45 000 selon les organisateurs, ont entamé ce lundi une marche vers Alger. Les milliers de contestataires étaient déterminés à atteindre le siège de la Présidence à El Mouradia, dans la capitale algérienne. Mais ceux-ci ont été arrêtés aux portes d’Alger, vers midi, sans toutefois parvenir à s’y introduire. Les forces antiémeutes, déjà à leur trousse sur l’axe autoroutier Blida-Alger, étaient à l’entrée de Birkhadem, l’une des communes d’Alger, afin de les empêcher d’aller plus loin. Les autorités ont déployé un nombre important de policiers et de forces antiémeutes, près de 2500 agents, plus de 200 fourgons, un hélicoptère de la gendarmerie nationale, suivi d’un second de la police nationale, et un canon à eau. Au total, des dizaines d’agents auraient été arrêtés et une centaine autre blessée.

Des revendications qui ne datent pas d’hier

Les gardes communaux souhaitent davantage de reconnaissance : « Nous sommes actuellement considérés comme des agents administratifs. Nous sommes à la catégorie 6 de la grille de la Fonction publique. Nous ne sommes pas des administrateurs, mais des maquisards », explique Aliouat Lahlou, représentant des gardes communaux de la wilaya de Bouira, selon El Watan. Il souligne que « contrairement aux militaires, un garde communal ne peut pas prétendre à une retraite anticipée ». De plus, ajoute-t-il, « nous n’avons jamais été payés pour nos heures supplémentaires (…) Le ministère de la Défense nous refuse l’entrée dans les hôpitaux militaires, alors que nous avons combattu les hordes sanguinaires dans les montagnes et les coins les plus reculés du pays ».

Ils souhaitent que les promesses faites en 2011 par le ministre de l’Intérieur, Ould Kablia, sur le statut du garde communal, soient tenues. Cette fois-ci, les gardes communaux ont voulu avoir affaire avec le président en personne.

Ne rien lâcher

Selon Liberté Algérie, les gardes communaux ont été assaillis par des jeunes à quelques mètres du bouclier de sécurité. « Nous ne pouvons pas continuer à marcher à cause de ces jeunes. En cas d’affrontement avec la police, si quelqu’un est blessé, ils vont dire que nous avons utilisé des gamins », a déclaré un manifestant.

Les gardes communaux ont parcouru des dizaines de kilomètres pour atteindre le siège de la Présidence à Alger. Les organisateurs ont indiqué qu’ils ne lâcheront rien, malgré la marche avortée de lundi. Pour « des raisons tactiques », aucune précision sur le lieu du prochain rassemblement n’a été communiquée.

Ces paramilitaires n’en sont pas à leur première manifestation. Déjà, en mars et avril 2011, les gardes communaux ont observés plusieurs marches et sit-in devant le siège de la Présidence. Cela fait plus d’un an qu’ils crient leur colère. Côté gouvernement, des promesses ont été exprimées. Mais jusqu’à présent, rien de bien concret. Le corps des gardes communaux a été créé durant les années de plomb, en 1994, lorsque le terrorisme faisait des ravages en Algérie. Ce sont ces hommes-là qui ont porté secours à la nation algérienne. Aujourd’hui, c’est eux qui sont attaqués…

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