Algérie : la colère des blouses blanches


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Les « blouses blanches », réunies devant l’hôpital Mustapha Pacha à Alger, s’apprêtaient à marcher vers la Présidence lorsqu’ ils ont été interceptés mercredi par les forces de police. Depuis un mois, ils font grève pour réclamer un changement de statut, dans l’indifférence de leur ministère de tutelle.

Les médecins condamnés à manifester dans l’enceinte de l’hôpital Mustapha Pacha à Alger ? Les praticiens de la région du centre de l’Algérie ont été repoussés mercredi par les forces de l’ordre. Ils s’apprêtaient à quitter l’établissement et comptaient se diriger vers la Présidence pour exprimer leur mécontentement. Le bilan de l’altercation est léger : quelques blessures, mais un moral au plus bas pour ces médecins, généralistes et spécialistes hospitaliers, qui font grève depuis un mois. « C’est à contrecœur que nous nous mobilisons, mais c’est notre ministère qui nous a poussés à faire cela », confie Yacine Khaloui, le secrétaire général du syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP). Il estime qu’en Algérie, « la grève serait suivie à 80% surtout dans les hôpitaux régionaux et les cliniques. Dans ces structures, seulement « les urgences seraient assurées ».

Des salaires au plus bas

Depuis l’adoption d’un document légiférant sur leur statut, le 26 novembre dernier, rien ne va plus entre les médecins et Saïd Barkat, le ministre algérien de la Santé. Le personnel soignant reproche au ministère de ne pas avoir pris en compte les points de vue qu’il avait exposé lors d’une concertation en juillet dernier. Ainsi, les praticiens demandent la révision de leur statut notamment concernant leur classification.

« Les universitaires gagnent plus que nous parce qu’ils se trouvent dans une catégorie supérieure. Cette discrimination est anormale», explique Yacine Khaloui, le secrétaire du syndicat. Par rapport aux autres pays du Maghreb, les revenus des spécialistes algériens sont très faibles. Un pneumologue, qui a exercé durant 25 ans, touche un salaire moyen de 68 000 dinars net/mois soit 674 euros, contre 3000 euros au Maroc, 2500 euros en Tunisie et 1500 euros en Mauritanie.

Ainsi beaucoup d’entre eux, notamment des jeunes diplômés, désertent leur pays pour aller exercer ailleurs, là où les propositions sont plus alléchantes. Leur destination privilégiée : la France. « Là-bas, ils sont reçus à bras ouvert car notre savoir faire est équivalent et il n’y a pas de problème de langue », commente Yacine Khaloui.

L’Etat indifférent ?

Outre leurs faibles revenus, les médecins hospitaliers pointent du doigt le manque de considération des pouvoirs publics. « L’Etat se moque de nous. Dans notre pays, il n’ya aucune perspective de carrière. Les jeunes spécialistes ont les mêmes responsabilités et les mêmes tâches que les anciens, ce qui est intolérable », se plaint le secrétaire général du SNPSSP.

La lutte des « bouses blanches » ne fait que commencer. La semaine prochaine, les médecins de la région centre envisagent de forcer le dispositif de sécurité de l’hôpital Mustapha à Alger pour manifester devant le ministère de la Santé et la Présidence afin faire entendre leur voix.

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