Algérie : craintes d’une révolte à la veille de la Présidentielle


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Les violences verbales et physiques qui ont caractérisé la campagne électorale pour la Présidentielle de ce 17 avril ont donné lieu à une peur chez de nombreux chefs de famille qui ont pris d’assaut les commerces pour s’approvisionner en denrées.

(De notre correspondant à Alger)

La peur d’une révolte comme celle ayant bouleversé de nombreux pays arabes se fait de plus en plus ressentir en Algérie où de nombreux chefs de famille s’approvisionnent en denrées. C’est la bousculade chez les commerçants pour s’approvisionner et pouvoir faire face aux semaines, voire des mois de disette qui pourraient naître d’un basculement vers la violence.

Il faut reconnaître que c’est la première fois dans l’histoire de l’Algérie indépendante qu’une élection suscite autant de peur et d’anxiété chez la population. Les menaces, les invectives et autres expressions échangées entre les candidats inquiètent les populations qui ont du mal à faire confiance à ceux censés diriger les destinées d’un pays avili par des années noires et ensanglantées.

« Sincèrement, le langage utilisé durant cette parodie de campagne fait vraiment peur. Les menaces qui fusent de partout nous fait pressentir le pire. Pour nous en éloigner, nous avons décidé au moins de nous approvisionner en denrées alimentaires de première nécessité comme le lait , l’huile , la farines et les pâtes , histoire de tenir le coup durant les temps de disette que nous ne souhaitons vraiment pas voir venir », nous fait remarquer Farid, client que nous avons croisé dans une supérette.

Le bilan de la campagne menée tambour battant est loin d’être reluisant. Des dégâts matériels lors des dérapages comme ceux ayant eu lieu à Bejaia pour empêcher Abdelmalek Sellal d’y tenir son meeting, des pertes en vies humaines comme à Staoueli, à quelques encablures de l’ouest d’Alger où un jeune a été poignardé. A la capitale de la Grande Kabylie, Tizi-Ouzou, où près de 10 000 personnes ont répondu, mardi, à la marche initiée par le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) qui appelait au boycott de l’élection présidentielle de ce 17 avril, les supérettes ont été pleines à craquer. Certaines ont même connu de longues queues de clients qui s’approvisionnaient dans la précipitation.

Sur le plan sécuritaire, quelques dérapages ont eu lieu comme ceux de Tizi-Ouzou, mardi dans la soirée, lorsque des dizaines de jeunes voulaient envahir le siège de la maison de la culture Mouloud Mammeri. Mais la vigilance des services de sécurité et leur célérité dans l’intervention a tourné en faveur de l’ordre vite instauré après l’arrestation de plusieurs d’entre eux. Ce qui a permis d’éviter le pire juste à quelques encablures du jour-J.

Ces moments qui séparent de la joute décisive sont aussi marqués par des appels au boycott massif de cette « parodie » d’élection où « les résultats sont connus d’avance ». Ailleurs, des appels à la participation pesante pour « sauver le pays et lui éviter de sombrer dans le chaos » continuent de fuser, sans compter les multiples appels à la vigilance et au sens des responsabilités.

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