Algérie : climat social de plus en plus tendu


Lecture 3 min.
arton30444

Des grèves par ci, des marches de contestation par là, des menaces de suicide collectif : tel est le climat social en Algérie où ma tension monte chaque jour d’un cran. Pour le commun des Algériens, inutile de penser à des lendemains meilleurs.

De notre correspondant, à Alger

Depuis la maladie du Président Bouteflika, évacué à l’hôpital militaire Val De grâce à Paris, suite à un accident ischémique transitoire, le pays est presque sans gouvernant. Tout fonctionne au ralenti et la machine étatique est presque agonisante comme…Bouteflika. Le front social bouillonne et les pratiques népotiques et clientélistes continuent d’étendre le rang des mécontents. A cause de ces pratiques, la Wilaya d’Ouargla, au sud du pays, a connu cette semaine, des moments de fortes tensions sociales.

Menaces de suicide collectif

Les promesses annoncées pompeusement par les pouvoirs publics n’ont pu se traduire en réalité apaisante dans cette région du sud du pays. Conséquence: des dizaines de contestataires ont tenu à se rassembler, menaçant de se suicider, en se jetant du haut du building faisant office de siège de Wilaya. Le recrutement « illégal » sans passer par l’Agence nationale de l’emploi (Anem) en est à l’origine. Dans les autres contrées désertiques, la tension est aussi à son paroxysme. Des milliers de jeunes, sans emploi et livrés à eux-mêmes, menacent de recourir à l’occupation de la rue pour se faire entendre. Quant aux travailleurs, ils sont las d’attendre les pouvoirs publics qui tardent à apporter une réponse appropriée à leurs doléances. C’est le cas notamment du personnel de la santé publique qui continue de paralyser le secteur.

Des grèves qui paralysent plusieurs secteurs

Les différents syndicats, en grève depuis quelques jours, maintiennent la pression, non sans préjudice sur les citoyens qui ne savent plus où donner de la tête. La tutelle, qui ne semble pas vouloir y apporter un plus, maintient le flou en ces termes : « La contestation permanente prônée par certains syndicats pénalise en premier lieu le citoyen et porte préjudice aux professionnels de la santé ». Une sortie médiatique qui en dit long sur le manque de volonté politique de mettre fin à ce climat délétère. Les autres secteurs d’activité ne sont pas en reste. c’est le cas de l’éducation qui n’est pas épargnée. Ce qui risque d’avoir de graves conséquences sur l’enseignement. C’est dire que chaque secteur à ses problèmes et chaque région expose ses doléances. En Kabylie, au centre du pays, l’insécurité a poussé la population à sortir dans la rue pour s’en prendre aux autorités.

Passer à l’action et réclamer plus de sécurité

Près de deux cent villageois de la commune de Béni Zmenzer, relevant de la daïra de Béni Douala ont , en effet, organisé jeudi, un sit-in devant la Wilaya, afin d’exiger plus de sécurité aux autorités . Une action qui intervient au lendemain de la libération du jeune Yazid Kahil, enlevé le lundi 29 avril et relâché par ses ravisseurs dans la nuit de samedi 6 mai dernier. Mais aussi de l’enterrement dans la douleur la plus atroce du jeune Ali Laceuk, disparu au mois de février, puis retrouvé il y a une semaine dans un puits, dans la région de Lazib. Ainsi Les habitants des différents villages et hameaux, soutenus par les comités des villages et élus locaux, ont décidé de passer à l’action et réclamer plus de sécurité.

« Halte à la démission de l’Etat », « Halte aux kidnappings », « Halte à l’insécurité » sont autant de slogans lancés pour exprimer leur ras-le-bol quant au pourrissement de la situation. Autant d’arguments pour craindre le pire dans un pays qui a dans ses caisses plus de cent milliards de dollars de réserves de change.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News