Alcool frelaté au port d’Alger


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Les douaniers algérois ont battu tous les records en mettant la main il y a une semaine sur une cargaison illégale de deux millions de bouteilles d’alcool frelaté. 33 containers sur les 46 attestés par la déclaration d’importation ont été trouvés à ce jour. L’état algérien se serait-il décidé à agir contre les réseaux mafieux de contrebande ?

Les Algérois suivent depuis deux semaines une saga bien particulière : celle de l’alcool frelaté du port d’Alger. Pas moins de deux millions de bouteilles de whisky ont été découvertes le 22 décembre dernier par les services des douanes. Les 33 conteneurs retrouvés à ce jour sont restés entreposés six mois sans que leur propriétaire ne se signale. Au-delà de cette prise, se pose la question d’une lutte efficace contre tous les réseaux de contrebande en Algérie.

La question de l’alcool est réglée dans la République algérienne démocratique et populaire de façon ambigue. Condamnée par l’islam, religion d’état, sa consommation, que ce soit en publique ou en privé, n’est interdite par aucune loi. Il faut dire que son marché, anciennement monopole d’état, est très juteux. Encore plus lorsque la marchandise, d’une forte valeur ajoutée, entre clandestinement dans le pays. La prise du 22 décembre est ainsi la troisième en l’espace de six mois.

Des containers suspects

 » Lorsque nous avons commencé à donner des coups de pieds dans la fourmilière, l’importateur a préféré faire le mort en abandonnant sa marchandise sur les quais. Une fois le délai de garde passé, soit 4 mois et 20 jours, nous avons décidé de la mettre sous surveillance, mais là aussi le propriétaire ne s’est pas présenté. Nous avons donc décidé [de l’inspecter] », affirme Regue Benamar, commissaire divisionnaire du port.

A ce jour, 33 containers sur les 46 attestés par la déclaration d’importation qui faisait passer l’alcool pour de  » l’élixir de canne  » ont été découverts. Des profits énormes sont réalisés dans ce type d’opérations. Lorsque le whisky est vendu à des producteurs de boissons alcoolisées, ceux-ci n’ont plus qu’à remplacer le récipient d’origine par des bouteilles en bonne et due forme. Les derniers développement de l’enquête font état de 5 millions d’euros transférés vers une société domiciliée à Monaco.

Des réseaux de contrebande puissants

Les responsables des douanes refusent de mettre ces succès en série sur le compte d’une guerre des clans mafieux qui aurait comme arme ultime la délation. Selon eux, toute la réussite de ce coup de filet est à attribuer à la nouvelle équipe d’inspecteurs en place depuis juin 2002. Le travail des autorités est rendu très difficile par la puissance des filières de contrebande, qui sont d’ailleurs les mêmes pour l’alcool ou les cigarettes.  » Ces réseaux de trafic de boissons alcoolisées (…) avaient pour habitude d’acheter la complicité de nombreux agents au niveau de l’enceinte portuaire « , explique sans détours Regue Benamar.  » Nous avons affaire à une véritable mafia, bien organisée et structurée. Le combat à mener est très dur tant les complicités sont énormes « , ajoute Sid Ali Lebib, le directeur général des douanes.

Le problème réside dans l’opacité de réseaux de contrebandes dont les tentacules peuvent remonter jusqu’aux plus hautes sphères économiques et politiques. L’état algérien semble pourtant décidé à affaiblir ces marchés parallèles qui le prive de gains substantiels. Il y a un mois, il s’attaquait aux trabendistes (contrebandiers) de la frontière algéro-marocaine. Souhaitons lui de pouvoir mener à leur terme des enquêtes impliquant des personnalités plus nuisibles que ces vendeurs de marchandise achetée au noir.

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