« Aide-toi, le ciel t’aidera », le trépidant quotidien d’une mère courage


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L'affiche du film
L'affiche du film

Aide-toi, le ciel t’aidera ou le retour de Félicité Wouassi sur grand écran. Un beau rôle de femme pour l’héroïne de Black mic mac, une histoire trépidante filmée dans une ambiance caniculaire, un clin d’oeil malicieux à la banlieue et à ceux qui y vivent sans une once de caricature. Le dernier film de François Dupeyron, en salles ce mercredi, est un exceptionnel moment de divertissement tout en nuances et un hommage à cette France métisse que l’on valorise trop peu.

Sonia est mariée et a quatre enfants. Entre le pressing et son travail d’aide familiale, la jeune femme d’origine africaine court. Surtout le jour du mariage de sa fille aînée. Rien n’aurait dû perturber cette belle journée. Mais le sort en a décidé autrement et c’est à son voisin blanc, un gentil vieillard qu’elle appelle à l’aide. Aide-toi, le ciel t’aidera signe le retour de Félicité Wouassi au cinéma dans une sublime partition écrite et réalisée par François Dupeyron et co-interprétée par Claude Rich. Vingt ans après avoir incarné Anisette, l’héroïne de Black mic mac, l’actrice donne chair à Sonia, portrait tout en contrastes de ces femmes dévouées à leurs familles, particulièrement dans cette banlieue des Mureaux qui sert de décors à Aide-toi, le ciel t’aidera.

En pleine canicule, cette mère modèle, revue et corrigée par le réalisateur français, joue sur tous les tableaux pour élever sa progéniture. Entre sortir son fils délinquant des griffes de la police, gérer la grossesse de son adolescente de fille où le funambulisme suicidaire de son petit dernier, son parcours s’assimile à une course d’obstacles. Claude Rich, alias Robert, l’employeur et confident est une épaule sur laquelle elle peut se reposer. L’octogénaire en redemande, ébloui par la jeune femme. Les scènes entre Rich et Wouassi sont d’une rare intensité, celle que donne l’éloquence du silence entre deux bons acteurs. L’émotion est véhiculée par le regard et le port altier de Félicité Wouassi, dans la peau d’un roseau que le vent fait seulement plier, et les gestes mesurés de l’acteur, incarnant un homme au soir de sa vie sous l’emprise de sentiments inattendus.

Aide-toi, le ciel t’aidera

À partir de cette relation particulière, François Dupeyron évoque la solitude et l’abandon des personnes âgées dans l’Hexagone, une situation mise en exergue par la canicule de l’été 2003. Mais le cinéaste décrit aussi, dans une ambiance sépia, la réalité d’une famille française, d’origine africaine, dans une banlieue. Par touches multiples, mais dans une trame cohérente, Aide-toi, le ciel t’aidera en rend compte sans faux fuyants – les petits boulots, la précarité, la délinquance -, sans jamais céder à la caricature. Tout en se faisant l’écho de cette diversité de la société française, dont on parle beaucoup mais que l’on voit peu sur les écrans français tant au niveau des scénarios que des acteurs, Dupeyron raconte et donne la primauté à une histoire universelle.

Le scénario est impertinent, fait de situations épiques et d’étonnants rebondissements. François Dupeyron s’est aussi attaché aux visages de ses héros, les filmant au plus près, pour marquer la singularité de leurs émotions tout en soulignant la banalité de leurs itinéraires, celle d’êtres humains qui relèvent les défis du quotidien. On apprécie le palpitant récit d’Aide-toi, le ciel t’aidera, la fluidité de son rendu, la richesse thématique du long métrage, le jeu de l’ensemble du casting, où les seconds rôles sont aussi importants que les premiers. Tout est réuni pour faire du dernier film de François Dupeyron une fiction à la fois forte et divertissante.

Aide-toi, le ciel t’aidera de François Dupeyron
Avec Félicité Wouassi, Claude Rich, Mata Gabin, Jean-Jacques Ido
Sortie française : 26 novembre 2008 – Durée : 1h32

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