Agression du journaliste Moez El-Bey lors d’une émission de radio en direct


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Reporters sans frontières et l’Observatoire pour la Liberté de la Presse, d’édition et de création (OLPEC), son organisation partenaire en Tunisie, dénoncent l’agression, le 24 décembre 2010 à dix neuf heures, du correspondant de Radio Kalima, Moez El-Bey, alors invité d’une émission que Radio Kalima diffuse en partenariat avec Radio Galère à Marseille (88.4FM).

Le journaliste y intervenait en direct depuis son domicile de Sfax pour commenter les événements survenus dans le gouvernorat de Sidi Bouzid (260 km au sud de Tunis) qui viennent de connaître de nouveaux développements avec le décès d’un manifestant de Menzel Bouzayane.

Quelques minutes après le début de l’émission, les auditeurs ont pu entendre des coups frappés à la porte du domicile du journaliste. Des cris, puis plus rien, la ligne ayant été coupée. Des habitants du quartier ont agressé Moez El-Bey, sous le regard complaisant d’agents de police, présents sur le palier. D’après les informations recueillies par Reporters sans frontières et l’OLPEC, les policiers auraient dit aux voisins que le journaliste s’était introduit chez eux en leur absence. Le journaliste a porté plainte pour effraction de domicile le 25 décembre 2010.

Les émeutes populaires à Sidi Bouzid (260 km Sud Est) ont été déclenchées suite à l’immolation par le feu, le 17 décembre 2010, d’un jeune diplômé chômeur. D’importantes forces de police ont bouclé la ville interdisant tout accès. Les autorités entendent imposer un black-out sur la région et les évènements qui s’y déroulent, tenant au maximum les journalistes à l’écart, n’hésitant pas à recourir à la violence physique à leur encontre.

Déjà Zouhaeir Makhlouf, journaliste pour le site en ligne assabilonline ( ), avait été agressé le 17 décembre par des policiers en civil devant son domicile. Depuis le 19 décembre, de nombreux journalistes indépendants ont été placés sous une surveillance policière permanente, avec interdiction de quitter leur ville de résidence. Ismaïl Dbara, correspondant de https://elaph.com , a également été visé. Nizar Ben Hassen, correspondant de Radio Kalima, a été poursuivi par trois voitures de police banalisées stationnées aux accès de son domicile à Chebba. Il lui a été interdit de se rendre à Sidi Bouzid en vue de couvrir les émeutes. Le 20 décembre, Moez El Bey a été intimidé par la police après avoir recueilli le témoignage d’une personne blessée au cours des émeutes et admise en urgence à l’hôpital de Sfax pour des soins aux yeux. Le journaliste a été conduit au poste de police de l’hôpital où il a subi une fouille corporelle humiliante. Les enregistrements ont été effacés, et la carte mémoire de son appareil photo confisquée. Il a été menacé de représailles s’il continue à couvrir les évènements.

De leur côté, les médias officiels, après être restés silencieux, qualifient les émeutes de Sidi Bouzid de « rumeurs infondées », citant une source officielle qui s’indigne « des tentatives de certaines parties d’instrumentaliser cet incident isolé, de le dévier de son véritable contexte et de l’exploiter à des desseins politiques malsains, en en faisant, dans un objectif de manipulation et de provocation, une affaire de droits de l’Homme et de libertés, et en mettant en doute les acquis de développement de la région ».

Pour tout renseignement complémentaire:

Reporters sans frontières

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