Afrique : développer le capital intellectuel ou périr


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Je croyais autrefois que le capital était un autre dénominatif pour l’argent, la richesse accumulée d’un pays ou ses habitants. Certes, je pensais que la richesse est déterminée par l’argent ou les biens accumulés. Puis, je suis tombé sur une publicité de la Deutsche Bank dans le Wall Street Journal qui disait: « Le capital, ce sont les idées. Le reste ce n’est que de l’argent ».

J’ai été frappé par la simplicité d’une idée aussi éloquente que puissante. Alors, j’ai commencé à imaginer ce que ce pouvoir pouvait signifier pour l’Afrique. Le potentiel de progrès et de lutte contre la pauvreté repose sur le capital généré par le pouvoir dans nos esprits, pas sur notre capacité à extraire des minéraux du sol ou demander un allègement de la dette et de l’aide étrangère.

Si les idées sont du capital, pourquoi l’Afrique investit plus dans des choses que dans l’information, et plus dans les armes que dans l’éducation ? Soudain, j’ai réalisé ce que cette idée pourrait signifier pour l’Afrique. Si la plume est plus puissante que l’épée, pourquoi un Général gagne plus qu’une centaine d’écrivains réunis ? Si les idées sont en effet du capital, l’Afrique devrait alors stopper la fuite de ses cerveaux et promouvoir la renaissance africaine. Après tout, une renaissance est avant tout celle des idées. Et le savoir et les idées sont les moteurs qui stimulent la croissance économique.

Tant que les hommes et les femmes d’idées, ceux qui donneront naissance à de nouvelles idées africaines, fuient vers l’Europe et les États-Unis, la renaissance africaine ne se produira pas en Afrique mais à Paris, Londres et New York. Il y a plus de musiciens Soukous à Paris qu’à Kinshasa ; plus de joueurs professionnels africains de football en Europe qu’en Afrique, pour ne citer que ceux-ci.

La littérature africaine est plus épanouie à l’étranger qu’elle ne l’est en Afrique. Les Africains en Europe sont en train de lutter contre la pauvreté en Europe, pas en Afrique. Tant que les hommes et les femmes d’idées, les véritables guérisseurs de l’Afrique, ne rentreront pas à la maison, la renaissance africaine et la lutte contre la pauvreté resteront des slogans creux. Après tout, les idées les plus brillantes sont générées et exploitées par les hommes d’idées.

« La puissance du capital intellectuel est la capacité à reproduire les idées créatrices de haute valeur ». Cette citation est un vibrant appel aux dirigeants africains à déplacer volontairement et délibérément leur focus des choses vers l’information ; de l’exportation de ressources naturelles vers l’exportation des connaissances et des idées ; de la consommation de technologie vers sa production.

En Afrique, la pauvreté sera réduite lorsque le capital intellectuel sera développé et fructifié pour exporter des connaissances et des idées. Pour l’instant, la principale stratégie du continent pour lutter contre la pauvreté est d’alléger la dette, demander de l’aide étrangère, et drainer les investissements des pays occidentaux. La réduction de la pauvreté exige la lutte contre 100% d’analphabétisme pour atteindre 100% d’alphabétisme, condition préalable pour augmenter notre capital intellectuel technologique. Pourtant, dans cette ère de l’information et de la mondialisation où la réduction de la pauvreté devrait se traduire par la production de produits de valeur pour le marché mondial et la rivalité avec l’Asie, les États-Unis et l’Europe ; honteusement, les diamants extraits en Afrique sont polis en Europe et revendus à des Africains.

Le capital intellectuel nécessaire pour créer des produits et services mènera à la réduction de la pauvreté. Ce capital, défini comme la connaissance collective du peuple, augmente la productivité. Celle-ci, en générant de la croissance économique, finit toujours et partout par réduire la pauvreté, même en Afrique. La productivité est le moteur de la croissance économique mondiale. Ceux qui créent de nouvelles connaissances produisent de la richesse, tandis que ceux qui la consomment produisent la pauvreté.

Nous aurons besoin de sagesse, celle qui transforme trop d’informations ou la surcharge d’informations en pouvoir ; celle qui aide non seulement à traiter l’information, mais aussi à égrainer la quantité d’informations disponibles sur Internet. Cette sagesse nous donnera l’avantage concurrentiel et nous permettra de trouver des solutions créatives. Aujourd’hui, nous disposons de dix milliards de pages d’informations postées sur Internet, ce qui est plus que suffisant pour nous tenir occupés le reste de nos vies, sans oublier que de nouvelles informations sont créées quotidiennement. Plus d’informations ont été créées dans les 100 dernières années que dans toutes les 100 000 années précédentes. Nous avons besoin de sagesse pour passer au crible et convertir ces milliards de pages d’information en richesse.

Tant que l’Afrique n’augmentera pas, de manière significative, son capital intellectuel, le continent restera sous-développé au 21ème siècle et même au-delà. L’Afrique a besoin d’innovateurs, de producteurs de connaissances, et des hommes et des femmes sages qui peuvent découvrir, proposer, puis mettre en œuvre des idées progressistes. Le sort de l’Afrique est entre les mains des Africains et la solution à la pauvreté doit venir de ses habitants.

L’avenir c’est à l’Afrique de le créer à l’image de la vision du peuple. Nous devons à nos enfants de construire les fondations solides leur permettant d’atteindre nos rêves. Pour que l’Afrique prenne une place centrale dans le monde économique d’aujourd’hui, nous devons nous ouvrir à la concurrence mondiale. Il n’y a tout simplement pas de raccourci vers la réussite, mais l’Afrique doit faire preuve de sagesse dans l’usage des connaissances pour construire son capital intellectuel, sinon elle périra.

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