Afflux de réfugiés tchadiens au Cameroun


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Drapeau du Cameroun
Drapeau du Cameroun

Alors que les rebelles menacent de lancer une deuxième série d’offensives sur N’Djamena, la capitale tchadienne assiégée, les humanitaires affirment que « des dizaines de milliers » de civils ont traversé la frontière avec le Cameroun, où les autorités locales ont sollicité l’aide de la communauté internationale.

« Nous sommes inquiets parce que, si les combats se poursuivent, de plus en plus de personnes vont fuir dans les jours à venir. Quant à ceux qui ne fuiront pas, nous craignons qu’ils ne se retrouvent pris au piège au beau milieu des combats », a prévenu Hélène Caux, porte-parole du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

Quant à Kate de Rivero, porte-parole de l’organisation non-gouvernementale (ONG) française Médecins sans frontières, une des rares organisations humanitaires encore présentes à N’Djamena, elle a indiqué à IRIN dans la matinée du 4 février que les rues de la capitale, d’ordinaire calmes, étaient pleines de monde. En effet, une bonne partie des quelque 700 000 habitants de la ville avait suivi le mot d’ordre des rebelles, qui les invitaient à fuir avant le déclenchement de la deuxième vague d’attaques.

« Il est difficile pour le personnel de MSF de circuler en ville pour évaluer la situation car il y a trop de monde dans les rues », a-t-elle affirmé au téléphone de Paris.

La plupart des expatriés ont quitté le pays au cours du week-end dernier à bord d’avions de l’armée française et les Nations Unies ont évacué une bonne partie de leur personnel, ne conservant sur place qu’un effectif opérationnel réduit.

La police camerounaise, qui contrôle quinze points de passage à la frontière, a indiqué au HCR que la plupart des premiers arrivants avaient des parents éloignés au Cameroun, mais que ces derniers ne pouvaient plus faire face à la situation étant donné le nombre trop important de réfugiés, a rapporté Mme Caux.

La plupart des nouveaux arrivants se sont regroupés à Kousseri, une ville frontalière isolée, reliée aux faubourgs de N’Djamena par un pont qui enjambe le Chari, un fleuve délimitant la frontière entre le Tchad et le Cameroun. La ville de Kousseri est située à un millier de kilomètres au nord de Yaoundé, la capitale camerounaise.

« Kousseri est très éloignée, ce qui explique qu’il soit difficile de mettre sur pied des programmes ou de savoir avec précision ce qui s’y passe », a expliqué Mme Caux. Le HCR va rouvrir un bureau à Kousseri et y dépêcher une équipe qui vient d’être évacuée de N’Djamena pour qu’elle procède à une évaluation des besoins.

L’agence onusienne y enverra également dans les prochains jours un avion chargé de produits de première nécessité, tels que du matériel de cuisine, des bâches et des conteneurs d’eau, d’après Mme Caux. Selon un communiqué du HCR publié le 4 février, des cargaisons de vivres ont également été déroutées de l’est du Cameroun et arriveront à Kousseri mercredi, probablement.

D’après Noora Kero, porte-parole de la Fédération internationale de la Croix-Rouge (FICR), la Croix-Rouge camerounaise est déjà sur le terrain à Kousseri et procède à une évaluation de la situation.

Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et l’ONG Action contre la faim ont affirmé qu’ils avaient eux aussi dépêché du personnel pour dresser un état des lieux de la situation.

Jusqu’ici, aucune arrivée de réfugiés n’a été signalée au Niger, en République centrafricaine, au Soudan ou au Nigeria, autres pays limitrophes du Tchad.

Bien que d’intenses combats aient été signalés dans la ville frontalière d’Adré (Est), aucune information ne fait état de l’arrivée de réfugiés au Soudan.

Après les combats qui ont eu lieu le week-end dernier dans N’Djamena, les rues de la capitale étaient jonchées de cadavres, a indiqué la presse locale.

Les services téléphoniques et d’Internet au Tchad ont été coupés et les stations de radio et de télévision nationales ont cessé d’émettre, réduisant la diffusion d’informations à partir de la ville.

« C’est une situation très complexe et difficile, et très instable », a déclaré L. Craig Johnstone, Haut Commissaire adjoint pour les réfugiés, sur les ondes de la chaîne de télévision CNN, lors d’un entretien le 4 février.

« De toute évidence, de nombreuses personnes se déplacent dans le pays et il y a beaucoup de mouvements d’éléments armés en direction et à partir de N’Djamena », a-t-il affirmé. « Reste à savoir quelle est la situation à N’Djamena ».

« Il y a eu relativement peu de civils et de combattants évacués vers les hôpitaux de la ville dans la matinée du 4 février », a confié à IRIN Mme Rivero de MSF. « Les combats étaient intenses et il était difficile de se rendre à l’hôpital. La plupart des personnes soignées par MSF présentaient des blessures par balle, a-t-elle affirmé.

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